Dans la Tête d'un Coureur

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Comment faire l'autopsie d'un échec sportif ?

S'il y a bien un mot qui fait frémir de nombreux coureurs, c'est l'échec. En France historiquement, ce dernier est perçu comme un résultat négatif, honteux, qu'il convient de dissimuler et de vite oublier. Pourtant, l'échec est depuis quelques années mis en avant en ce qu'il aurait des vertus incontestables, à condition de savoir le comprendre. Alors comment faire l'autopsie d'un échec sportif?

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L'échec: un profond tabou français

 Historiquement, la France et les États-Unis partagent deux visions contradictoires sur la notion d’échec. D’un côté la France (et l’Europe), a cultivé une culture de la réussite dans laquelle l’échec est perçu comme une faiblesse qui porte atteinte à l’image de soi. A contrario, de l’autre côté de l’atlantique, l’échec est vécu comme une étape indispensable à l’apprentissage.

Cependant, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’essor de la mondialisation, la France importe de plus en plus la culture Américaine, ce qui conduit le vieux continent à remettre en question son rapport à l’échec. 

UN HERITAGE SCOLAIRE

Pendant très longtemps le système éducatif Français réprimandait l'échec.  Pourtant, c’est le processus naturel de l’apprentissage. En effet, si nous commettons une erreur et que quelqu'un nous corrige cette erreur en prenant le temps de nous expliquer nos faiblesses, nous allons apprendre de cette personne. C’est le processus naturel de transmission que l’Homme a depuis des millions d'années.

 Pourtant, pendant très longtemps, l’école était obsédée par les notes des élèves. Cependant, la note et la correction sont deux choses très différentes.  La note sert avant tout à sanctionner ou féliciter un élève. Elle l’aide aussi à se comparer à ses camarades de classe pour savoir où il se situe par rapport à eux. La correction sert quant à elle à améliorer un comportement en identifiant les erreurs commises.

Avec cette culture de la note, les élèves se sont naturellement focalisés sur cette donnée en reléguant au second plan la correction (qui arrivait plusieurs jours après les contrôles et qui était complétement sortie du contexte d’apprentissage). Cette technique pédagogique n’est pas sans conséquences. En effet, chaque mauvaise note était perçue par l’élève comme un échec qui générait chez lui un sentiment de honte. De plus, l’enseignant pouvait stigmatiser un élève afin de le punir de ses erreurs. Par exemple, jusqu’à la fin des années 60, on distribuait des “bonnets d'âne" aux élèves les moins bien notés…. L’objectif à cette époque était clairement de punir, voire d'humilier les élèves qui étaient en difficulté. 

LES VERTUS DE L'ÉCHEC CHEZ UN ATHLÈTE

Il y a énormément de bénéfices à tirer de nos échecs et encore plus quand on est un sportif.

En effet, l'échec nous permet d'identifier nos faiblesses, car chaque erreur a une origine.

Ensuite, notre orgueil en prend un coup, ce qui nous oblige à nous remettre en question. Et enfin, l'échec a un énorme avantage : il nous permet d’améliorer notre façon de faire.

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C'est pour toutes ces raisons, que de nos jours, on préfère valoriser l'échec voire même le survaloriser, mais attention à ne pas se tromper de combat…

Il faut bien comprendre que l'échec en lui-même n’a rien de positif. Ce qui compte c’est notre faculté à rebondir, à apprendre de nos erreurs, à faire notre autocritique et surtout à prendre les bonnes décisions pour nous améliorer.

Si un athlète n’est pas capable de se remettre en question, son échec ne lui servira à rien. Au contraire, il va répéter inlassablement les mêmes erreurs, en rejetant généralement la faute sur les autres.   

Pour autant, il faut bien reconnaitre que faire face à un échec est rarement une partie de plaisir pour un sportif. En effet, quand nous loupons une séance, généralement nous nous sentons mal, on peut avoir des remords et même ressentir une forme de colère envers soi-même. Tout cela nous renvoie à une émotion, que nous portons en nous depuis la nuit des temps : LA PEUR.

On a peur d’échouer, on a peur de perdre notre motivation, on a peur d’être critiqué voir même de paraître « nul » aux yeux de nos proches ou de nous-même.

Pour faire face à un échec, il est donc essentiel de maîtriser cette peur et de rester positif en prenant un maximum de recul sur la situation. L’athlète doit accepter qu’il ne peut pas tout contrôler et que l’échec et la réussite sont des notions relatives. Car même si cela peut sembler complètement paradoxal, échouer lors d’une séance peut nous aider à préparer le terrain pour nos succès de demain.

COMMENT FAIRE L’AUTOPSIE D’UN ECHEC SPORTIF?

Étape 1 : Prendre du recul

La première chose à faire après un échec est de se changer les idées ! Nous pouvons par exemple faire une balade en forêt, du shopping, regarder notre série préférée, peu importe, l’important c’est de faire une activité qui nous procure du plaisir afin de prendre un maximum de recul. Sans cette étape, il nous sera impossible d’analyser objectivement les problèmes. En effet, la pire chose à faire serait de ressasser sans cesse son échec. Bien sûr, nous devons assumer nos faiblesses et les accepter mais nous ne devons surtout pas tomber dans une sorte d'auto-flagellation. Au contraire, c’est le moment de faire preuve d’auto-compassion.

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Étape 2 : Analyser les facteurs extérieurs de performance

Les athlètes ont tendance à négliger énormément les facteurs extérieurs de performance. Pourtant, ils peuvent affecter considérablement un résultat.

Voici les questions à se poser :

·  Le parcours était-il vraiment adapté à un objectif de performance ?

·  La présence de faux-plat, dénivelé, virage en épingle était-elle importante ?

·  Quelles étaient les conditions météos du jour ?

·  Il y avait-il une densité de coureurs suffisante ?

Étape 3 : Analyser notre stratégie de course  

Alors, une fois que ses deux étapes sont passées, l’athlète doit chercher à analyser sa course.

·  A-t-il commis des erreurs dans sa stratégie de course ? (Non-respect des allures fixées, départ trop lent ou rapide)

·  A-t-il commis des erreurs dans la gestion de ses ressources énergétiques ?

·  Était-il stressé lors de son départ ? avait-il peur de ne pas y arriver ?

·  Était-il en excès de confiance ?  Trop sûr de lui ?

·  A-t-il bien gérer les relances ?

Étape 4 : Analyser sa préparation

Après une contre-performance, la question de préparation se pose évidemment.  Voici une liste de points à soulever:

·  L’objectif fixé était-il réaliste ?

·  Avait-il un plan d'entraînement adapté à son objectif ?

·  A-t-il commis une erreur en exécutant son plan ? Si oui, laquelle ?

·  A-t-il négligé certaines étapes de son plan comme le renforcement musculaire par exemple ? 

·  Durant sa préparation, a-t-il eu des signes précurseurs qu’il aurait pu manquer ? (Fatigue, douleurs, stress)

·  A-t-il été suffisamment progressif ?

·  Quelle était la qualité de son sommeil, sa nutrition, son hydratation ?

·  Avec le recul, quelles sont les choses qu’il aurait aimé faire différemment ?

Étape 5 : Savoir rebondir après un échec

Après un échec, c’est le moment idéal pour rebondir.

La première chose à faire est de se demander s’il n’y a pas des opportunités cachées dans cet échec. Ensuite, c’est le moment d’établir un plan d’action pour un nouvel objectif en s’assurant de ne pas reproduire les erreurs du passé. Et enfin, il faut en profiter pour expérimenter de nouvelles manières de faire car c’est le moment idéal pour sortir de nos routines, de nos habitudes !

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