Cet hiver, Mathieu Blanchard aurait pu s’aligner sur une course prestigieuse comme la Transgrancanaria ou se mesurer à l'élite mondial sur la Chianti Ultra By UTMB pour chasser du Running Stones. Mais Mathieu a pris un virage inattendu. Loin des projecteurs et des sentiers balisés, il a choisi le silence glacial du Yukon Arctic Ultra, une course extrême dans l’un des environnements les plus hostiles de la planète. Pourquoi un tel choix ? L’histoire remonte à un film. Un film qui a résonné en lui comme une évidence.

L’Appel du Sauvage

L’idée n’est pas sortie de nulle part. Mathieu Blanchard n’est pas qu’un simple coureur : c’est un aventurier, un explorateur de l’effort. Pourtant, cette fois-ci, ce n'est pas une quête de performance qui l’a guidé, mais un besoin presque viscérale. Un film a réveillé quelque chose en lui. Pas un biopic de champion, pas un documentaire sur une épreuve mythique, non. Un film qui parle de nature brute, de retour à l’instinct.

« J’ai eu cette petite voix dans mon oreille qui m’a dit ‘Mathieu, il serait peut-être temps d’aller faire un projet qui revienne un peu aux sources, à l’essentiel’ » confie-t-il dans le podcast Dans la Tête d’un Coureur disponible dés le lundi 3 mars prochain.

Ce film, c'est L’Appel de la forêt (The Call of the Wild), adaptation du roman de Jack London. Un conte où un chien domestiqué, Buck, est arraché à son confort californien pour être envoyé de force dans l’enfer glacé du Yukon. En Californie, Buck était pourtant aimé, choyé par ses maîtres, mais il n'a pas le choix. Son quotidien est décidé pour lui, il obéit sans jamais vraiment savoir qui il est. Pourtant, lorsque tout bascule, que son monde douillet vole en éclats, il doit apprendre à survivre par lui-même. Ce qui pourrait être un drame devient une renaissance : dépouillé de son confort, il renoue avec ses instincts, retrouve sa vraie nature, et découvre une liberté qu'il ignorait jusqu'à la.

Cette idée a frappé Mathieu Blanchard de plein fouet. Lui aussi a évolué dans un cadre structurant. Il s’est forgé dans l’ultra-trail, mais toujours dans un monde régi par des règles de plus en plus contraignante : des sponsors, des attentes, des qualifications aux courses où la performance prime toujours. Et si, à l’instar de Buck, il avait besoin d’être projeté dans un univers radicalement différent pour redécouvrir ce qu’il est vraiment ?

Une quête de l’essentiel

Mathieu Blanchard s’est reconnu dans cette histoire. Comme Buck, il a ressenti l’appel de la foret. La Yukon Arctic Ultra n’est pas une course comme les autres. Ici, on ne parle pas d’allures ou de records. On parle de survie. Des températures descendant sous les -40°C, des jours sans voir personne, un corps qui lutte autant contre le froid que contre l’épuisement.

« Je me suis retrouvé en combat contre l’élément. J’ai froid, c’est dur, je ne peux pas dormir, j’ai faim... Mais au fil des jours, j’ai commencé à m’adapter. Chaque pas était plus dur, mais je me sentais aussi plus en harmonie avec mon milieu » raconte-t-il dans le podcast.

La Yukon Arctic Ultra, c’est une remise à zéro. Il n’y a plus d’assistance, plus de zones de confort. Juste soi face à la nature.

Alors, au final, qu’est-ce qui pousse un champion à tout quitter pour s’aventurer dans l’un des endroits les plus hostiles au monde ? Peut-être qu’il n’y a pas de réponse rationnelle. Peut-être que, tout simplement, l'appel du sauvage est parfois trop puissant pour être ignoré.

Un échange exclusif sur "Dans la tête d’un coureur"

Pour aller encore plus loin dans les origines de cette aventure hors norme, Mathieu Blanchard est l’invité du prochain épisode du podcast "Dans la Tête d’un Coureur". Un échange passionnant où il revient sur les motivations qui l’ont poussé à se lancer dans cette expédition extrême, sa préparation, sa lutte contre l’environnement, mais aussi son duel avec Guillaume Grima, son dauphin avec qui il a tissé des liens profonds au fil des kilomètres.

L’occasion aussi d’aborder l’évolution du trail à travers l’étude Trail Campus, qui analyse les nouvelles façons de pratiquer et percevoir ce sport.

Un épisode à retrouver dès lundi 3 mars sur le podcast "Dans la Tête d’un Coureur", disponible sur toutes les plateformes de streaming.