Mathieu Blanchard se confie sur la course la plus extrême de sa vie @Yukon
Mathieu Blanchard est un habitué des majors sur ultra, mais cette fois, il a décidé de sortir des sentiers battus pour affronter l'une des courses les plus extrêmes au monde : la Yukon Arctic Ultra. Mais qu'est-ce qui pousse un athlète de son niveau à se lancer dans une telle aventure ?
Dans cet article, Mathieu Blanchard se confie sur son aventure extrême à la Yukon Arctic Ultra.
Une Quête de Sens au-Delà de la Performance
Alors pourquoi une telle aventure ? Pour Mathieu, la réponse est simple : un besoin de retour à l'essence même de sa passion. "Dans le trail professionnel, il y a une dimension médiatique et digitale qui peut éloigner de la pureté du sport. J'avais besoin de me déconnecter, de retrouver un environnement brut, où seule la survie compte."
Dès la première nuit, le ton est donné. La température chute à -41°C, ressentie comme -50°C avec le vent. "Je voulais dormir, mais je savais que si je m'arrêtais, je risquais de ne pas me réveiller. C'était terrifiant." Nombreux sont les coureurs à abandonner dès cette première nuit (50% d’abandon le premier jour). Mais Mathieu s'accroche.
Il doit aussi faire face à des difficultés respiratoires inattendues. "L'air extrêmement sec et glacial a bloqué mes alvéoles pulmonaires. J'avais l'impression d'être asphyxié. C'était une peur immense." La fatigue, le froid, l'isolement... Tout concourt à tester ses limites mentales et physiques.
Une Lutte Mentale et Physique
Au fil des jours, le manque de sommeil devient son pire ennemi. "Le froid, on finit par s'y adapter. Mais la privation de sommeil est une torture lente. On hallucine, on perd pied avec la réalité." Mathieu doit composer avec des nuits glaciales, sans tente, directement allongé dans la neige, se demandant parfois s'il se réveillera.
Malgré la souffrance, il avance. Et un élément inattendu vient transformer son expérience : l’esprit de compétition.
Un Duel qui Change Tout
Au fil de la course, un autre athlète émerge comme son principal rival : Guillaume Grima, un coureur expérimenté des milieux polaires. "Au début, j'étais en colère contre lui. Je voulais prendre mon temps, vivre l'aventure à mon rythme. Mais il m'a obligé à aller plus vite, à me dépasser. Et au final, j'ai réalisé que c'était une chance."
Le duel devient un moteur. Les deux hommes avancent, épaule contre épaule, à quelques heures d'écart. "Quand on se croisait aux checkpoints, on pleurait de respect l'un pour l'autre. On savait ce que l'autre était en train de vivre. Nous seuls pouvions comprendre cette souffrance."
L’Héritage d'une Expérience Unique
Après plus d'une semaine d'efforts, Mathieu termine en tête. Mais la véritable victoire est ailleurs. "Ce n'était pas une simple course. C'était une leçon sur la résilience, sur la capacité à repousser ses limites, sur la beauté brutale de la nature."
Le retour à la civilisation est brutal. "Quand j'ai rallumé mon téléphone, j'ai eu des crises d'angoisse. J'étais submergé par la modernité après avoir passé des jours dans un environnement où seul l'essentiel comptait."
Aujourd'hui, Mathieu Blanchard, tient à rappeler que le trail n'est pas seulement une discipline sportive, mais un mode de vie, une aventure, une quête d'authenticité. "L'appel de la forêt", résume-t-il simplement. Un appel auquel il a répondu, et qui continuera de le guider sur les chemins de l'extrême.
Pour aller plus loin avec Mathieu Blanchard
Découvrez l’intégralité de l’aventure de Mathieu Blanchard et plongez dans les coulisses de l’une des courses les plus extrêmes au monde dans le dernier épisode du podcast Dans la tête d’un coureur. Mathieu se livre sans filtre sur ses doutes, ses moments de détresse, mais aussi sur les instants magiques qu’il a vécus au cœur du Canada.
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