Dans la Tête d'un Coureur

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Zara sort une chaussure carbone. La bulle running est-elle en train d’exploser ?

C’est officiel : Zara Athleticz débarque sur le marché des chaussures de running à plaque carbone. Oui, Zara. La marque espagnole, symbole de la fast fashion, a décidé de jouer dans la cour des supershoes aux côtés des Alphafly et autres Rocket X2. Un signal fort qui dépasse la simple sortie d’un nouveau modèle et qui pose une autre question : le running, n’est-il pas en train d’arriver à la fin d’un cycle, voire à une forme de saturation ?

Crédit : Zara Athleticz.

Le running : de la niche à l’hystérie collective

Il y a encore 5 ans, les chaussures à plaque carbone étaient l’apanage des élites, celles que l’on apercevait sur la ligne de départ des marathon de Londres ou de Boston aux pieds des Kipchoge et Kelvin Kiptum. Puis, elles ont conquis les coureurs amateurs à la recherche de plus ou moins de performance.

Cette transition a ouvert la porte à une inflation sans précédent : 200, 250, 300€ pour une paire de running sont devenus la norme. HOKA, ON, Nike, Adidas… ont flairé l’opportunité et se sont lancées dans une course effrénée à l’innovation et au marketing.

Dans ce contexte, voir Zara – un géant de la mode – débarquer sur ce marché déjà saturé avec une chaussure carbone, c’est un peu comme si DACIA lançait une supercar. Un choc des genres qui interroge sur la direction que prend l’industrie du Running.

MAIS POURQUOI UNE chaussure à plaque carbone chez Zara ?

Première question : quel est l’objectif de Zara avec cette chaussure ?

  • La première hypothèse, la plus évidente, c’est le coup marketing. Zara n’a pas besoin de devenir un acteur sérieux du running, mais elle sait parfaitement jouer sur l’effet de surprise pour attirer l’attention. Une chaussure qui reprend les codes des modèles élites à un prix largement inférieur ? Le buzz est garanti. On a déjà vu des incursions similaires avec la mode Outdoor. Ici, l’idée serait surtout de surfer sur la hype des plaques carbone, quitte à proposer un produit plus inspiré par l’esthétique que par la performance.

  • L’autre scénario, plus ambitieux, serait une vraie tentative d’entrée sur le marché du running. Difficile d’y croire sur le long terme, mais imaginons. Si Zara casse les prix et démocratise la technologie carbone, elle pourrait séduire une cible qui n’aurait jamais mis 260€ dans une Vaporfly. Kiprun, par exemple, essaye de suivre sur cette stratégie : proposer des produits techniques à des prix plus accessibles, avec une vraie volonté de rivaliser avec les géants du secteur. Mais Zara peut-elle vraiment suivre ce chemin ? Difficile à croire… mais après tout, qui aurait imaginé Jimmy Gressier signer chez Kiprun ?

  • Reste donc la possibilité que cette chaussure ne s’adresse même pas aux coureurs. Aujourd’hui, le running n’est plus seulement un sport, c’est aussi une tendance. Et ça, des marques comme ON et Hoka l’ont bien compris : l’important n’est plus uniquement la performance, mais aussi l’image. Elles soignent leur design, investissent la mode, le cinéma et séduisent un public bien au-delà des coureurs. Une évolution que Zara n’a sans doute pas ignoré. Finalement, si ces marques de sport empruntent certains codes du lifestyle, Zara, elle, pourrait bien faire l’inverse : s’inspirer du monde de la performance sportive. Mais alors… Zara concurrence-t-il le running, ou le running concurrence-t-il Zara ? Ok, on dirait le scénario d’Inception (au cas où Christopher Nolan passe par là, on tient un truc).

Quelle que soit la stratégie derrière, cette sortie soulève une question plus large. Quand un secteur devient trop convoité, trop saturé, trop dopé au marketing, il y a toujours un risque d’explosion. Cette chaussure ne dit peut-être pas tant de choses sur Zara elle-même, que sur l’état du running en 2025.

Le running, une bulle prête à exploser ?

À la rédaction de Dans la Tête d’un Coureur, nous pensons que cette annonce dépasse largement la simple question du produit. Elle soulève un débat plus large : Le running est-il en train de basculer dans une sorte de bulle spéculative ?

Depuis cinq ans, l’industrie connaît une montée en puissance spectaculaire, portée par trois dynamiques majeures :

  • Des prix qui s’envolent : Débourser 200€ pour une paire de running est devenu la norme. Ce qui était autrefois réservé à une élite est désormais proposé à tous… du moins à ceux qui peuvent encore se le permettre.

  • Une saturation de l’offre : Chaque mois, une nouvelle chaussure "révolutionnaire" sort sur le marché et de nouvelles marques émergent pour tenter de capter une part du gâteau.

  • la Pop Culture s’en mêle : Zendaya devient ambassadrice ON, les marques multiplient les collaborations avec des designers et des influenceurs lifestyle.

Quand un secteur atteint un tel niveau de popularité, le risque de bulle est bien réel.

que faut-il penser de cette tendance ? Deux scénarios possibles :

Hypothèse 1 : Une crise et une perte de valeur massive
L’histoire économique regorge d’exemples de marchés en surchauffe qui finissent par s’effondrer. Sneakers, NFT, Vélos haut de gamme post-Covid… Tous ont connu une ascension fulgurante suivie d’un brutal retour à la réalité : trop de hype, trop d’argent… puis un effondrement… Si le running suit cette trajectoire, on pourrait assister à un ralentissement des ventes, une chute des prix et une disparition des marques les plus récentes ou les plus anciennes.

Hypothèse 2 : Une stabilisation et une segmentation plus claire
Le running pourrait aussi suivre l’évolution du marché du luxe : une scission entre des marques ultra-premium qui continueront à jouer sur l’image et l’innovation à prix fort, et des alternatives plus accessibles qui séduiront un public moins exigeant sur la technologie mais toujours attiré par l’esthétique, le confort et la performance.

Dans les deux cas, il est peu probable que le marché continue à croître indéfiniment au même rythme. L’arrivée de nouveaux acteurs, la montée des prix et la transformation du running en produit de mode sont autant de signaux d’un changement à venir. Le running a atteint un sommet, reste à voir si l’atterrissage sera en douceur… ou brutal.

VERS une nouvelle ère pour le running ?

Le running ne doit pas devenir un simple objet de mode. L’innovation est essentielle, mais elle doit avant tout servir les coureurs sur le terrain. Trop miser sur le marketing et le lifestyle, c’est prendre le risque de créer une déconnexion entre le produit et ceux qui l’utilisent vraiment.

Si la bulle explose, ce sera peut-être parce que le modèle économique des supershoes a atteint ses limites. Le marché doit évoluer vers plus de durabilité, plus de transparence sur la production et sortir de cette course effrénée à la technologie.

Avec Dans la Tête d’un Coureur, nous continuerons à donner la parole aux coureurs, aux experts, aux entraîneurs et aux concepteurs de chaussures pour séparer le marketing du réel et guider notre audience vers les bons choix.

Loin des effets de mode, nous restons au service des coureurs et de cette passion qui, elle, ne disparaîtra jamais.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Dites-le-nous en commentaire !

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