Dans la Tête d'un Coureur

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Team Adaptive : l’UTMB s’ouvre à la diversité

Pour la première fois depuis sa création, l’UTMB accueille cette année la Team Adaptive. 12 coureurs en situation de handicap prendront le départ des différents formats. À l’origine de ce projet fou, un homme : Boris Ghirardi.

Aux origines de la Team Adaptive

La team Adaptive nait d’une volonté bien ancrée au sein de l’UTMB de rendre la course accessible au plus grand nombre. Faire tomber les barrières, c’est la spécialité de Boris Ghirardi. Amputé d’une jambe au niveau du genou, il n’a de cesse de repousser les limites pour lui-même, mais aussi pour ouvrir la voie à d’autres qui n’oseraient pas sauter le pas. Fort de sa propre expérience, il soumet l’idée de former une équipe d’une dizaine d’athlètes aux handicaps variés avec un but commun : boucler l’un des formats de l’UTMB.

« Notre projet n’est pas parfait, mais nous sommes des pionniers. Nous avons créé quelque chose qui n’a jamais existé et nous en sommes très fiers. » - Boris

Après la validation du groupe UTMB, Boris travaille de concert avec David Poletti pour mettre sur pied cette fameuse team. En tant que Team Manager, le premier se charge de sources des profils variés. Sexe, nationalité, niveau, handicap… Il sélectionne un groupe d’athlètes capables de venir à bout du magnifique challenge que représente l’UTMB.

Parmi les 12 sélectionnés, on retrouve par exemple Sophie, en rémission d’un cancer du sein, Pol, qui souffre d’une paralysie cérébrale et termine dans le top 100 de la MCC ou encore Vasu qui a impressionné tout Chamonix en bouclant la MCC à béquilles et Travis qui vient d’Afrique du Sud pour réaliser son rêve.

Team Adaptive : la magie de la diversité

Bien sûr, chaque membre de l’équipe a sa propre vision de la discipline, son propre regard sur la performance. Il serait d’ailleurs pertinents de parler de performances au pluriel tant chaque approche se révèle différente.

« Il faut de la performance évidemment ! Mais pas que. » clame Boris Ghirardi.

Pour lui, l’enjeu est ailleurs. Il veut faire de la Team Adaptive une porte d’entrée pour tous les coureurs qui présentent des spécificités et n’osent ainsi pas se lancer. La pluralité de profils doit permettre à chacun d’être représenté. Franck par exemple, qui est autisme asperger incarne cette volonté d’ouvrir la discipline à tous bien au-delà du handicap purement physique.

Afin de parvenir à fédérer et à briser les barrières mentales, Boris sait qu’il est primordial de placer l’humain au centre. Exit les sponsors : les athlètes courent certes dans les tenues fournies par leurs partenaires, mais ne les mettent pas en avant par ailleurs. Les marques ont joué le jeu, comprenant l’ampleur du projet, et on accepté de rester en retrait pour laisser la lumière aux athlètes uniquement.

Chaque finisher a lui aussi pris conscience de l’enjeu et de fait que sa performance va bien au-delà d’une course. C’est bien plus grand que ça.

UTMB et Team Adaptive : quelles spécificités ?

La particularité des spécificités mises en place par l’organisation de l’UTMB pour accueillir les membres de la Team Adaptive est simple : elles sont presque inexistantes.

Pas de sas dédié, aucun aménagement des barrières horaires, un parcours absolument identique à celui de tous les autres participants… Rien n’est finalement fait pour démarquer les membres de l’équipe des autres coureurs.

« Nous voulions prouver que les membres de la Team Adaptive sont des coureurs comme les autres. » - Boris

En revanche, leur inscription ne nécessite l’obtention que d’un Running Stone. De plus, chaque dossard génère automatiquement un dossard « Guide ». Ce dernier a le même numéro que le principal et peut être donné à un tiers qui assistera l’athlète sur son parcours. Aucune obligation bien sûr ! Mais c’est un dispositif incontournable pour certains comme Nicolas qui est malvoyant ou Guillaume qui est atteint de surdité.

Un aménagement a aussi été pensé sur les ravitaillements afin de laisser un peu d’intimité aux athlètes qui auraient besoin de soins particuliers durant la course.

De plus, une petite entorse a été faite pour Jonathan, tétraplégique, qui se lance sur l’OCC en Joëlette. Une portion du parcours a été déviée car l’étroitesse du sentier pouvait mettre en danger ses porteurs qui sont en plus ses amis proches.

Permettre une réelle diversité sans compromettre la sécurité, c’est le défi que Boris compte bien relever.

Team Adaptive : quel avenir ?

Là où la position du Team Manager est surprenante, c’est lorsqu’il explique qu’il a imaginé ce dispositif comme un « one shot » qui n’a pas vocation à être renouvelé.

Hors de question de faire une catégorie à part entière. Il souhaite avant tout être l’impulsion, le coup de pouce final à l’origine d’une augmentation de la diversité dans les inscriptions.

Pour apprécier les chances de réussite de son initiative, la MCC a fait office de juge de paix.

« Si la MCC se passait mal, c’était fini. Le projet serait mort dans l’oeuf. »

Lorsque les 7 athlètes au départ passent la ligne d’arrivée sans encombre, c’est le soulagement. Les 5 autres coureurs pourront s’aligner sereinement sur l’OCC et l’UTMB. Au regard de l’accueil réservé tant par les spectateurs que la presse ou encore les participants, l’opération est une réussite.

Bien sûr, l’ultra-traileur Mathieu Blanchard, parrain de la Team a contribué à mettre en lumière les athlètes et l’initiative avec toute la force et la bienveillance de sa communauté.

En définitive, quel que soit l’avenir de la Team, nul doute que celui des coureurs en situation de handicap s’annonce de plus en plus dégagé sur les sentiers escarpés de l’UTMB.


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