L'incroyable histoire de Gobi : le chien errant qui a couru 100km aux côtés d’un inconnu

En s'inscrivant au Gobi March Ultra Trail,  Dion Leonard, un ultra-traileur australien chevronné, n'aurait jamais imaginé qu'il était sur le point de vivre l’une des rencontres les plus marquantes de sa vie. Des étendues désertiques de Chine jusqu'aux sommets enneigés de Chamonix, vous êtes sur le point de plonger dans le récit émouvant entre un coureur et un chien qui traverse les frontières et défie les éléments.

Une rencontre improbable au coeur du désert de GObi

Nous sommes en juin 2016, nichés au cœur des majestueuses montagnes chinoises du Tian Shan. C'est ici que Dion Léonard, un ultra-traileur de 41 ans, se tient prêt à affronter l'un des trails les plus extrêmes de sa carrière : le Gobi March. Sept jours de course impitoyable, étalés sur 250 kilomètres  à travers de vastes steppes, des dunes de sable et d’immenses vallées rocheuses.

Le jour du départ, le mercure grimpe déjà  jusqu'à 55 degrés. 

Les coureurs partent pour 7 jours en auto-suffisance au milieu d’une nature hostile et indomptable. 

Le premier jour se déroule sans encombre pour Dion Leonard. Il arrive au premier campement et s’apprête à passer la nuit sous un ciel constellé d'étoiles, avant de reprendre la course aux premières lueurs de l'aube. La chaleur de feu laisse place au froid glacial des nuits désertiques. Avant d’aller se coucher, Dion savoure traquillement son ravitaillement quand soudain, une petite ombre furtive attire son attention.

Une petite chienne maigre, au pelage couleur sable, se dévoile sous les yeux des coureurs. Lorsqu'elle approche de Dion, leurs regards se croisent immédiatement. Dans cet instant suspendu, une connexion semble apparaître entre eux. 

Ses yeux, deux perles noires, captent directement le regard de Dion. Instintivement, elle se met sur ses pattes arrière et sa petite queue frétille de joie sur le sol, comme si elle voulait le remercier d'être là. 

Tout de suite, Dion se pose de nombreuses questions : Que faisait-elle là ? Comment a-t-elle réussi à survivre dans cet environnement impitoyable ? Ces interrogations  traversent l'esprit de Dion, mais sans qu'il s'y attarde véritablement. Après tout, il a une course à terminer.

Malgré son cœur attendri, Dion décide de rester concentré sur son objectif…Résignée, la petite chienne finit par se résoudre à quitter le campement et disparaît dans la nuit. 

Cette rencontre aurait pu s'arrêter là, une  simple anecdote dans une course, mais parfois, un événement qui semble anodin peut marquer à jamais la vie d’un Homme.

Gobi - Dion : 100km en duo

Nous voila donc le jour 2 et le départ de cette nouvelle étape est donné.

Dion Leonard s’élance sur le parcours, les yeux rivés sur l'objectif de remporter la première place. Au début, il perçoit une petite présence à ses côtés. C'est la chienne, qui a choisi de le suivre. Dion tente d'ignorer sa compagnie, convaincu qu'elle se lassera rapidement de courir avec lui. Un moment, il pense même l’avoir semé quand elle disparaît aussi soudainement qu'elle est apparue.

Pourtant, à quelques kilomètres de l’arrivée de l’étape, une petite chose poilue de la couleur du sable fait à nouveau son apparition. Obstinée, la chienne donne son maximum pour retrouver Dion et finir à ses côtés. Face à tant de persévérance, l’homme se résigne à l'accueillir auprès de lui.

À son arrivée, Dion entend des applaudissements. Les autres coureurs, très amusés par ce duo improbable, saluent le courage du canidé qui se tient à ses côtés.  Cette petite chienne, elle, semble rayonner de bonheur.

Dans l'esprit de Dion, un changement commence à s'opérer. Ses certitudes, jadis ancrées dans une volonté de solitude et de performance, commencent à s'éroder. Le "Non" ferme se transforme en un "Et si ?" . 

Quand la deuxième nuit tombe, Dion Leonard laisse la chienne se blottir contre lui. Il partage même avec elle une partie de sa ration. Il faut maintenant lui donner un nom. Ce dernier vient naturellement à l’esprit de Dion, comme une évidence : Gobi.  Du nom de la course. 

Donner un nom à quelqu'un, c'est l'intégrer dans son univers, tisser avec lui les premiers fils d'une histoire commune. Ce simple acte symbolise l'entrée de Gobi dans sa vie.

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Le lendemain, l’histoire continue. Gobi attend fermement Dion sur la ligne de départ. Dans ses petits yeux noirs, les choses paraissent limpides : elle suivra cet inconnu au bout du monde. Les deux nouveaux amis entament ensemble la troisième étape de la course. Dion est confiant. Il est bien placé et la présence de Gobi agit finalement plutôt positivement sur son état mental, comme si l'animal donnait encore plus de sens à sa course .

Mais un ultra-trail n’est jamais un long fleuve tranquille. La troisième étape du parcours comporte un franchissement de rivière. Dion Leonard passe le premier quart de l’obstacle sans encombre et s’apprête à poursuivre sa route. C’est alors qu’il entend des petits gémissements derrière lui. Il se retourne et voit la petite chienne qui ne peut pas traverser la rivière.

À cet instant, Dion se trouve face à un choix crucial, un choix qui influencera non seulement l'issue de la course, mais aussi le cours de sa vie.

J'ai fait quelque chose que je n'avais jamais fait avant durant une course, j'ai fait demi-tour."

Avec détermination, il saisit Gobi, la plaçant en sécurité sous son bras, et s'engage de nouveau dans la rivière. Leurs regards se croisent dans cette traversée, et Dion y lit un mélange d'amour et de gratitude. Ce moment scelle leur complicité.

Les deux dernières étapes de la course sont redoutables, confrontant les traileurs à des températures extrêmes, dépassant les 50 degrés. Dion confie Gobi aux organisateurs de la course, leur faisant promettre de la garder en sécurité jusqu'à ce qu'il puisse la retrouver à l'arrivée.

 À nouveau seul dans le dessert, Dion se met à réfléchir. Peut-il vraiment laisser Gobi sur place et repartir vers l’Ecosse ? À cette idée, son cœur se serre. Encouragé par les autres coureurs, il prend une décision irrévocable : Gobi rentrera avec lui.

Quelques jours plus tard, Dion Leonard franchit enfin la ligne d'arrivée de l'Ultra Trail Gobi March, s'octroyant une remarquable deuxième place. 

L'émotion de la victoire est toutefois trés vite surpassée par un autre événement encore plus cher à ses yeux : celui des retrouvailles avec Gobi. La petite chienne l'attend, ses petite pattes plantées fermement sur le sol, avec des yeux pétillants de joie. 

Au total, ce ne sont pas moins de 125km que Dion et Gobi auront parcouru ensemble, soit environ la moitié de la course. Plus qu’une simple rencontre, c’est un véritable duo qui s’est formé et ces deux là n’ont pas l’intention de se quitter ! 

L’aventure de l’adoption

Malheureusement, l’adoption d’un chien en provenance de la Chine vers l’Écosse est une épreuve de haut vol. Dion, malgré sa résilience, se retrouve confronté à un défi d'une nature totalement différente.

Les nerfs de l'athlète sont mis à rude épreuve. Après plusieurs jours à tenter d’organiser le transfert, Il se retrouve dans l'obligation de rentrer chez lui pour régler toutes les formalités. Il confie donc Gobi à l’une des organisatrices de la course, le temps de boucler le marathon administratif de l’adoption. 

Devant les coûts exorbitants de la démarche, Dion et sa femme font appel au financement participatif. Les médias s’en mêlent. L’histoire incroyable de cette chienne errante et de cet ultra-traileur déchaîne les passions et fait couler beaucoup d’encres. En quelques jours, la cagnotte pour permettre à Gobi de s’envoler vers l’Écosse atteint 23 000 euros.

Mais Dion n’est pas au bout de ses peines. Alors qu’il pense en avoir fini avec toute la paperasse, il apprend une terrible nouvelle : Gobi a disparu. 

Elle s’est enfuie au cœur de la ville d’Urumqi, qui compte pas moins 3 millions d’habitants. La situation semble désespérée. Dion Leonard n’écoute que son cœur et saute dans le premier avion direction la Chine.

Commence alors une course contre la montre. Affichages, enquêtes, appel à témoins… Tous les moyens sont bons pour retrouver la petite chienne. Contre toute attente, le miracle se produit : Gobi est vivante. Dans son livre, Dion raconte la scène :

« Les retrouvailles ont été fortes. J'ai pleuré de joie. Cela a été le plus beau jour de ma vie »

Peu de temps après, Gobi et Dion s’envolent et quittent la Chine direction l’Écosse. C’est une nouvelle vie qui commence. Ces deux-là ne se quittent plus. Randonnées, entraînements mais aussi siestes au coin du feu ou encore farniente sur un bon canapé moelleux… Ils deviennent tout simplement inséparables ! 

Mais ce duo de choc n’a pas fini de faire parler de lui… Ensemble, ils décident de relever un incroyable défi. Découvrez la suite de cette belle histoire dans le dernier épisode !


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