Running et technologie : les liaisons dangereuses ?
Alors qu’il parait évident que l’avenir du coureur sera connecté, on peut s’interroger : jusqu’où la technologie va-t-elle accompagner les pratiquants ? Est-elle un allié inconditionnel ou a-t-elle des limites ?
La technologie au service de la performance running
Depuis quelques années, la technologie est en plein essor et n’épargne pas le monde du running. Qualifiés par certains de dopage technologique, les progrès dans la conception du matériel utilisé en course à pied sont édifiants.
Nul ne peut aujourd’hui continuer à considérer que les chaussures par exemple, sont de simples « baskets de running ». Ce sont des bijoux de technologie, conçus et optimisés pour courir toujours plus vite, toujours plus loin. Les marques rivalisent d’inventivité pour proposer des chaussures toujours plus innovantes, équipées de technologies extrêmement pointues.
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Cette course à l’innovation se retrouve aussi dans la conception de chaussettes connectées, de manchons intelligents voire de lunettes permettant de visualiser un lièvre virtuel. Tous ces outils amènent les coureurs vers des performances de plus en plus stratosphériques, au point d’être parfois remis en question. C’est le cas notamment de la plaque carbone, qui après avoir été utilisée pour battre de nombreux records, voit désormais son utilisation sur piste encadrée.
Par ailleurs, la pandémie de COVID-19 et les confinements successifs ont eu pour effet de favoriser l’essor des simulateurs. À l’instar de Zwift qui accueille une immense communauté de cyclistes, ces outils ont permis aux sportifs de rester connectés entre eux et de ressentir l’effet communautaire malgré l’isolement.
Running et technologie : un véritable outil bien-être
Au-delà de la performance, la technologie est aujourd’hui devenue un véritable allié des coureurs dans leur quotidien. Santé, bien-être à l'entraînement et en dehors, elle s’immisce dans le quotidien des coureurs.
Grâce à des applications telles que Strava, les coureurs peuvent échanger, visualiser des parcours et partager des données ensemble. Cela crée des liens qui se prolongent à la fin des l'entraînement et ne souffrent pas de l’éloignement géographique. Clubs, challenges connectés, les façons de se rassembler autour de la passion du running sont multiples !
Les montres connectées et par extension les applications associées se révèlent elles-aussi précieuses dans le quotidien du coureur. Elles permettent de connaître de nombreuses données de santé : rythme cardiaque, sommeil, cycle menstruel, nombre de pas quotidien… Tous ces éléments permettent de situer son état de forme et de santé globale. Bien sûr, ces données ne sont pas complètement fiables mais elles constituent malgré tout un bon indicateur.
La science va encore plus loin. Des patchs « intelligents » sont désormais disponibles sur le marché. Ils permettent aux sportifs de mesurer un nombre à peine croyable d’éléments à prendre en compte pour un état de santé optimal et donc, des performances maximisées.
Technologie et déconnexion aux sensations
Il est évident que le débat ici n’est plus celui de savoir s’il faut faire une place à la technologie dans notre pratique du running. Aujourd’hui, cette dernière est bien implantée et apporte des effets bénéfiques incontestables.
Pourtant, l’équilibre peut facilement s’inverser si l’on n’y prend pas garde. La sur-connexion permanente aux outils technologiques peut entrainer une déconnexion au corps, à ses propres sensations et à son instinct. La tentation est grande en effet, de s’abandonner aux données qui s’affichent sur nos écrans au détriment de notre propre ressenti. C’est là un premier écueil contre lequel il faut se prémunir.
Certains entraineurs préconisent d’effectuer des entrainements sans montre, uniquement à la sensation. Cela permet de rester à l’écoute de son corps et de prendre conscience de ses ressentis en fonction de l’effort fourni, en s’affranchissant totalement des données chiffrées.
Des études mettent aujourd’hui en avant le caractère néfaste d’un excès de connexion. Les réseaux sociaux, à première vue motivants, peuvent se révéler culpabilisants ou créer un sentiment de malaise auprès des coureurs utilisateurs. La pratique de la course à pied doit pouvoir exister indépendamment des outils technologiques mis à notre disposition.
La technologie est donc un allié précieux à manier avec précaution pour ne pas lui laisser une place trop prédominante dans la pratique du running.
Malgré des avancées notables en matière de sport féminin, de nombreux aspects biologiques, comme le cycle menstruel, restent souvent sous-estimés dans l’élaboration des programmes d’entraînement. Pourtant, mieux comprendre son cycle menstruel et ses effets sur le corps peut devenir une force pour les sportives, en optimisant les entraînements, la récupération et les performances. Juliana Antero, chercheuse à l'INSEP, nous explique les effets du cycle hormonal sur les athlètes.