#45 - Battre son record, les secrets de la performance en course à pied - Part 2
Pour battre ses records, nous l’avons vu dans la première partie il y a des éléments extérieurs comme le profil de course, la densité des concurrents, mais il y a aussi des paramètres physiologiques (VMA, indice d’endurance, économie de course), et ce qu’on entend souvent comme étant « le mental ». Alors comment les optimiser pour battre son record en course à pied ?
VO2max, Indice d’endurance, Économie de course : le triptyque gagnant
La VO2max
La VO2max est l’élément le plus connu pour toute personne s’intéressant à l’optimisation de son potentiel en course à pied (et dans tous les sports d’endurance notamment).
Nous en avions longuement parlé lors de notre épisode sur le développement de la vitesse du coureur.
https://www.youtube.com/watch?v=kZ899mjIGeo
C’est un élément fondamental car les efforts d’endurance ont besoin d’oxygène pour se réaliser.
Concrètement pour le coureur, cette VO2max est atteinte à une vitesse donnée, la fameuse VMA. On peut aller plus vite mais on ne consommera pas plus d’oxygène. Plus la VMA est élevée plus on est capable de maintenir une intensité plus élevée de course.
L'indice d'endurance, définition
L’indice d’endurance est la capacité d’un athlète à maintenir la plus haute intensité le plus longtemps possible.
Il est lié à la VMA mais pas uniquement car tout un ensemble de paramètres entrent en ligne de compte notamment le phénomène d’oxydation musculaire et l’effet tampon.
On pense souvent à tort que l’endurance c’est courir le plus longtemps possible. C’est vrai…mais en partie seulement : l’endurance c’est courir le plus longtemps possible le plus vite possible.
C’est d’ailleurs à ce titre que Renato Canova, le fameux entraîneur de marathon, dit qu’un marathon est une course de vitesse car il s’agit de relier l’arrivée le plus vite possible.
L'économie de course
L’économie de course peut se résumer à l’efficacité de la foulée à une allure donnée.
Nous sommes là en plein dans la dimension énergétique de la course à pied, évidemment sous-tendu par nos dispositions biomécaniques.
Concrètement la manière dont on court a un coût énergétique. Faisons un parallèle avec la voiture. À 100km/h elle consomme, 10L par heure lorsqu’on roule à la vitesse 100km/H. C’est ce que nous allons appeler l’économie de course.
Cela est lié à la manière de conduire, aux pneus, l’entretien de la mécanique.
L’un des objectifs de l’entraînement sera d’abaisser la consommation d’énergie par l’organisme pour une vitesse donnée, comme si on jouait sur différents facteurs pour abaisser la consommation du véhicule.
Ainsi avec un même plein on pourra aller plus loin ou alors sur la même durée aller plus vite.
La théorie du gouverneur central de Tim Noakes
C’est très simple : la limitation de la performance est liée à la perception de l’effort par le cerveau. Plus vous allez vous sentir en difficulté ou face à une épreuve que vous redoutez plus votre cerveau va envoyer un message de réserve et de limitation à votre organisme.
Actuellement le dogme dominant est que la performance dans une épreuve de durée est lié à:
l’épuisement des stocks énergétiques,
l’altération des fibres musculaires,
la dégradation cumulée sous ces facteurs (et d’autres)
l’économie de course entraînant elle-même un épuisement accru des stocks et une dégradation accélérée des fibres musculaires.
Une sorte de cercle infernal de dégradation irrémédiable.
Dans ce schéma, c’est l’organisme qui envoie des messages au cerveau sur l’épuisement de ses ressources, le cerveau régulant alors l’effort en fonction de ces informations.
Noakes part du principe inverse, le cerveau régule en fonction de sa perception cognitive de l’effort avant tout retour d’infos de l’organisme sur ce qu’il est entrain de vivre.
Noakes a notamment fait scandale avec cette théorie lors d’une conférence en 1996 en demandant pourquoi un marathonien était capable d’accélérer dans le dernier kilomètre voire de sprinter sur les derniers mètres si son stock énergétique était au bord de l’épuisement.
Dans la continuité des travaux de Noakes, il y a ceux de Samuele Marcora.
Le modèle psychobiologique de la perception de l’effort de Samuele Marcora
Dans le modèle traditionnel de la machine humaine, la fatigue physique dans les muscles vous oblige directement à ralentir ou à vous arrêter.
La difficulté que vous ressentez de la difficulté de l’effort est principalement un produit dérivé accidentel si on peut dire.
Dans le modèle de Marcora, l’effort est ce qui connecte la fatigue physique à la performance, ce qui signifie que quoi que ce soit qui altère votre perception de l’effort peut affecter votre endurance, indépendamment de ce qui se passe dans votre muscle.
Prenons l’exemple de la chaleur. Physiologiquement, un muscle cessera de fonctionner lorsque sa température interne atteint les 40°.
À partir de ce moment-là il sera totalement hors-jeu.
Dans la pratique, cela n’arrive jamais, fort heureusement.
Noakes dit à ce sujet que le fameux gouverneur central, prenant des informations sur l’environnement extérieur modère par avance le fonctionnement musculaire afin que celui-ci n’atteigne pas la limite critique fatale.
Ces informations ne viennent pas du muscle lui-même car si tel devait être le cas, les signaux d’alerte seraient envoyés trop tard.
Battre son record, exploser ses performances: vous avez maintenant tous les clefs en mains pour performer en course à pied !