Dans la Tête d'un Coureur

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Course à pied & harcèlement : des coureurs à la dérive

À l’origine, il y avait l’Homme et l’Homme a toujours couru. Pour chasser, se cacher, se protéger. Courir était un besoin, une nécessité. Puis, les siècles passant, la société évoluant, la survie est devenue vie et l’obligation est devenue le loisir. Aujourd’hui, courir est un sport. Il consiste à mettre un pied devant l’autre avec suffisamment d’élan pour avoir un temps en suspension au-dessus du sol. Ceux qui pratiquent ce sport sont dits coureurs, athlètes ou encore runners pour les plus anglicistes. On peut courir 100m, 5km, un marathon, 100 miles… Peu importe en réalité : tous réalisent le même mouvement. Avec une technique différente, une vitesse différente, une fréquence et une puissance inégales en fonction des individus, mais tous courent. 

La course à pied, c’est environ 14 millions de Français qui s’élancent au moins deux fois par semaine. C’est le sport qui réunit le plus de pratiquants en France, mais aussi le sport individuel qui comporte le plus de professionnels dans notre pays. En résumé, nous sommes nombreux à courir, une grosse poignée à courir très vite, et la plus grosse partie à courir à des niveaux plus accessibles. Bien. Le cadre est posé. 

Pourtant, ce qui sonne comme une évidence pour la majorité résonne comme un cri strident, inentendable aux oreilles d’une catégorie de pratiquants qui ont décidé de monter au créneau, de donner leur définition de la course et de poser leur propre cadre. Comme souvent lorsque l’on cherche à poser un cadre, on repousse violemment tout ce qui en sort. C’est là que naît le harcèlement auquel le milieu sportif n’échappe désormais plus. Poussé à son paroxysme par l’essor des réseaux sociaux, il met aujourd’hui à mal les valeurs fondatrices de notre pratique sportive. 

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Harcèlement des coureurs : qui en est la cible ? 

Mais qui sont les cibles de ces individus ? Pourquoi font-elles l’objet d’un tel acharnement ? La question est complexe. Lorsque l’on scroll sur les pages préférées des harceleurs, on constate la récurrence de certains profils.

Il y a tout d’abord le coureur lambda qui a une utilisation des réseaux sociaux parfois assez maladroite. Il poste des selfies pris à la va-vite après sa sortie, commente ses performances, décrit ses sensations simplement. Ce faisant, il pense s’adresser à des gens bienveillants. Sa propre construction mentale ne lui permet pas de concevoir en premier lieu qu’il peut récolter tout autre chose que ce qu’il cherche à semer. Parfois même, ce coureur publie non pas sur un groupe mais sur son propre profil via des sites comme STRAVA, qu’il a eu le malheur de laisser en public, innocemment ou par simple méconnaissance. Vient alors un jour où, passant par hasard ou étant délibérément en recherche, un individu au profil bien spécifique, on y reviendra, jette les publications de cet anonyme en pâture. Il devient alors sujet à moqueries. Son physique, ses performances, son récit… Tout sera sujet à rire, à railler, à rabaisser. Heureusement ou non, ce pauvre coureur n’aura sûrement jamais connaissance de tout cela. Il évitera ainsi de se sentir humilié et profondément démuni face au rouleau compresseur qui vient de s’abattre implacablement sur lui. 

Ensuite, il y a le coureur qui aime se mettre en avant. Il n’est pas particulièrement suivi, il n’est pas connu mais il se sent fier de ce qu’il fait et le met en avant. Il peut se mettre en scène dans des vidéos, écrire des discours inspirationnels, mettre en avant ce qu’il considère être ses atouts. On parle là du coureur qui va se montrer torse-nu, de la coureuse qui va prendre des postures avantageuses pour publier sur ses réseaux. Ces profils veulent être vus. Ils mettent en valeur ce qu’ils estiment être valorisant chez eux et qui l’est aux yeux de la société. On pense abdos saillants, on pense fessiers musclés, etc. Ces coureurs vont immanquablement se voir reprocher leur mise en avant. Pour vivre heureux, vivons cachés et si tu souhaites vivre au grand jour, prépare-toi à en subir les conséquences. Les harceleurs moqueront leur confiance en eux, rabaisseront leurs physiques ou bien s’agissant des femmes, les réduiront à des objets de fantasme sexuel. Mais elles l’ont bien cherché non, en s’affichant comme ça ? Telle est leur logique, implacable, inattaquable. 

“Il n’y a qu’une seule façon d’éviter les critiques. Ne dis rien, ne fais rien, ne sois rien.” Aristote

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Enfin, parmi les personnes les plus touchées par ce phénomène de harcèlement de groupe, on retrouve les fameux influenceurs et surtout, les influenceuses. Ces derniers ont par définition rassemblé une communauté qui partage leurs valeurs et peut se sentir inspirée par eux. On en retrouve dans tous les domaines : art, beauté, développement personnel, et bien évidemment : course à pied. Ces dernières années, plusieurs influenceuses running ont émergé et s'adressent à un public bien particulier. Elles revendiquent une pratique décomplexée du running. Une pratique accessible à tous quels que soient son poids, son âge et ses prédispositions.

On peut par exemple citer Margauxlifestyle. Cette dernière se situe sur un créneau assumé qui est celui des coureurs lents, qui cherchent à se challenger eux-mêmes en sachant qu’ils ne seront jamais les premiers sur leurs courses. Ce positionnement a attiré des followers qui se sont reconnus dans sa taille 42, qui est, rappelons-le, la taille moyenne des Françaises. Elle fédère aujourd’hui une communauté de dizaines de milliers de personnes qui se reconnaissent dans ses discours, dans sa pratique et son approche.

Seulement voilà, Margaux, et toutes ces influenceuses ont un gros défaut : elles sont hors du cadre. Le fameux cadre fixé et ajusté par une poignée d’individus très spécifiques. Il n’en fallait pas plus pour que tout ce qu’elles font, sont, publient, disent, soit moqué. Insultes grossophobes, sexistes, dénigrement de la personne, de ses performances… On ne parle plus ici d’un post isolé. Tout y passe et cela vire même parfois à une véritable obsession, qui sera bien évidemment niée par les intéressés. 

Influenceuses running : pourquoi sont-elles ciblées par le harcèlement ?

Mais pourquoi un tel acharnement envers ces influenceuses ? Le fil conducteur est assez simple. Les influenceuses attirent des marques qui les sponsorisent et leur offrent des avantages multiples. Ces partenariats ne sont pas conclus en fonction des performances de l’athlète mais bien de sa communauté et c’est là que le bât blesse. La légitimité des influenceuses à obtenir ces avantages est constamment remise en cause. Elles voleraient les sponsors aux “vrais” athlètes. 

Revenons quelques instants sur l’industrie du running. Comme toute industrie, elle génère et engendre des bénéfices. Car oui, la course, c’est aussi un business. Un business qui pesait déjà 850 millions d’euros avant COVID, soit 2 fois plus que le football. Beaucoup pourraient penser que ce sont principalement les coureurs professionnels qui génèrent les revenus des grandes marques de running. Mais en réalité, l'impact économique des coureurs amateurs est tout aussi significatif. La rentabilité est de plus totalement décorrélée de la performance dès lors que l’on sort du milieu très restreint des athlètes professionnels. 

Il y a un parallèle assez intéressant à faire avec le monde de l’automobile. Prenez Renault par exemple. Ils conçoivent des modèles de F1, très chers, rapides : des machines optimisées pour la compétition. Ces modèles sont destinés à une poignée d’individus, de pilotes expérimentés, qui vont les manoeuvrer à la perfection grâce à leurs compétences exceptionnelles.

Bien sûr, une stratégie marketing va reposer sur le fait de vendre au grand public des véhicules qui se vantent d’utiliser des technologies que l’on retrouve sur les bolides de F1. Cela permet d’entretenir le rêve, de raccrocher l’utile à la passion. Mais ne vous méprenez pas, votre voiture, même équipée de certaines caractéristiques de haut vol, ne rattrapera jamais une voiture de F1 car elle n’est tout simplement pas faite pour cela. Admettons maintenant que toutes les images que Renault vous donne à voir sont celles de véhicules pilotés d’une main de maître par des experts à coups de dérapages, de conduite extrêmement nerveuse et de vitesse vertigineuse. Auriez-vous envie de l’acheter ? Peut-être. Arriveriez-vous à vous identifier et à vous projeter raisonnablement dans ce véhicule ? Pour beaucoup, la réponse est non. 

Pour la course à pied, le fonctionnement est le même. Les marques spécialisées vont chercher à toucher un public le plus large possible. Pour ce faire, elles vont d’un côté sponsoriser des élites, les champions, ceux qui participent aux Jeux Olympiques et représentent la France à l’international. De l’autre, elles vont chercher à accroître leur visibilité en s’alliant à des sportifs lambdas, des monsieur et madame tout le monde auxquels une majeure partie des coureurs pourront s’identifier. Cela leur donnera bien évidemment envie d’acheter les produits de la marque qui leur paraîtront plus accessibles, moins élitistes.

Maintenant, on l’a dit, la course à pied est le sport le plus pratiqué en France. Actuellement, le temps moyen pour parcourir un marathon est d’environ 4h30. C’est un chiffre en nette augmentation alors que le record du monde est lui de plus en plus bas. Qu’est-ce que cela dit de nous ? Simplement que les élites courent plus vite qu’avant, et que parallèlement, nous sommes plus nombreux à oser, à courir peu importe notre niveau. La course à pied n’est plus un sport d’élites, c’est un sport que l’on peut qualifier de sport de masse. Aussi, il faut équiper tous les coureurs : les pros, les rapides, les légers, les lourds, les lents, les endurants… Tous les coureurs. 

À lire aussi >> Légitimité et course à pied : qui est coureur ?

Et c’est là que les fameux influenceurs entrent en jeu. Ces personnes sont parvenues à fédérer autour d’eux une communauté composée de followers ayant un intérêt pour leur contenu. Ainsi, un influenceur running sera suivi majoritairement par des coureurs qui s'identifient à lui. Revenons quelques instants à Margaux. La communauté qu’elle a développée a retenu l’attention de marques et d’organisateurs d’événements qui ont vu là l’occasion d'accroître leur visibilité à travers elle. Ce n’est pas l’inverse ! Très schématiquement, on peut considérer que Margaux à elle-seule va amener des centaines de personnes à oser courir, à se lancer dans l’activité. Ces personnes vont vouloir s’équiper et que vont-elles faire ? Elles vont observer ses équipements et se procurer les mêmes. 

Ainsi, un partenariat avec influenceuse comme Margaux rapporte énormément d’avantages pour la marque que ce soit en termes de visibilité ou d’image. Aucune marque n’est purement philanthrope. Elles s’intéressent aux influenceurs parce-que ce sont eux qui peuvent potentiellement leur rapporter le plus de contreparties. Il est donc totalement biaisé de considérer que les influenceurs voleraient les sponsors des « vrais » athlètes, entendez ceux qui ont des performances meilleures qu’eux. Ces « vrais » athlètes, les pros, les élites, ont leurs sponsors. Exception faite du sprint, beaucoup plus confidentiel, la plupart de nos coureurs professionnels français sont sponsorisés. S’ils ne le sont pas, ils ne tapent pas pour autant sur les influenceurs puisqu’ils évoluent sur un segment différent. Les marques ont la double stratégie de s’intéresser aux élites qui nous font rêver et aux coureurs lambdas qui représentent finalement la majorité d’entre nous et auxquels nous nous identifions.

Cette stratégie, qui s’explique parfaitement et se révèle fructueuse, génère toutefois des réactions négatives, parfois violentes d’une partie des coureurs qui ne comprennent pas comment des personnalités qui leur semblent moins performantes et donc moins légitimes, peuvent obtenir des sponsors et des dossards qu’eux-mêmes n’obtiendront jamais. Le profil des agresseurs est souvent le même : ce sont des coureurs parfaitement lambdas, anonymes dans leurs propres groupes;

Les ressorts du harcèlement

Réunis par un sentiment commun, ces individus sont portés par un effet de groupe et une anonymisation qui les poussent parfois à s’en prendre violemment aux influenceurs, mais aussi aux anonymes. 

Le mécanisme psychologique ici à l’œuvre est souvent le même. C’est ce que nous explique la psychanalyste du sport Florence Puklavec : le groupe identifie un bon profil, une norme qu’il définit lui-même à travers son propre prisme. Dès lors, tout ce qui sort de cette norme doit être critiqué et dévalorisé. Quand on s’attache à dresser un profil-type de ces harceleurs, on constate qu’il s’agit la plupart du temps de personnalités narcissiques qui ont une surestimation de leurs propres capacités et qui, pour se conforter, éprouvent un irrépressible besoin de dévaloriser l’autre. C’est seulement ainsi qu’ils parviennent à se donner de la valeur. 

À écouter >> Victime de harcèlement, je passe de Fatman à Ironman

Ils vont donc d’un côté s’en prendre aux anonymes qui vont souvent, d’une façon ou d’une autre, leur renvoyer quelque chose d’eux-mêmes qu’ils ne supportent pas. Mais cette projection est profondément enfouie derrière le masque du mépris et la capacité à mettre en avant les différences entre le harcelé et le harceleur. “Je ne suis pas comme lui”, “Je vaux mieux que lui”. Mais finalement, qui a posé la question ? Au départ, personne d’autre que soi-même. Mais lorsque plusieurs personnes présentant ces mêmes troubles narcissiques se rassemblent, notamment via les réseaux sociaux, elles créent des groupes dont l’agressivité devient très vite le moteur, la valeur principale.

C’est un phénomène assez étonnant de prime abord car il est extrêmement éloigné des valeurs du sport. On développe ici l’image du bon coureur et le rejet de tout ce qui représente réellement le sport : la différence, l’échange, la cohésion… Florence Puklavec souligne :

« Les individus qui se livrent à ce genre de pratiques ne servent finalement que leur propre estime. Ils portent un regard très narcissique sur leur pratique. ».

D’ailleurs, cette dernière est très rarement affichée par crainte de se trouver à son tour confrontée au regard du groupe. Bien sûr, les concernés nieront cette affirmation tant leur comportement est intériorisé et renvoie à des failles personnelles dont ils n’ont pas conscience. 

Concernant maintenant les influenceurs, d’aucuns diront que ce qui les pousse à harceler ces profils en particulier, ce serait le fait qu’ils s’exposent. On a ici l’idée qu’à partir du moment où l’on devient un personnage public, notre attitude doit correspondre à un standard qu’ils ont déterminé. On doit être prêts à subir les foudres de ceux qui nous estiment hors de leurs normes et qui considèrent que l’on ne répond pas aux attentes qu’ils ont projetées sur nous. Ce sont les fameux « Il est désagréable avec ses abonnés » ou « Elle n’a qu’à pas s’afficher ». Psychologiquement, cela s’appelle la déculpabilisation de l’agresseur. Ce dernier va chercher à justifier son acte en mettant en avant le comportement de la victime. C’est un mécanisme utilisé chez les auteurs d’agressions sexuelles notamment. Il est tellement ancré dans la construction des harceleurs qu’ils ne comprennent pas où est le mal. Ils présentent un manque d’empathie renforcé par la surenchère du groupe qui va légitimer leurs propos. 

Crédits : Alexandra BREZNAY/REA - Droits d'auteur : Alexandra BREZNAY/REA

Comment réagir ? Face à cela, la victime a souvent le réflexe de se défendre. Elle ne comprend pas le but de ce harcèlement et l’origine de cette malveillance.

Malheureusement, les mécanismes de défense « actifs » ne sont pas efficaces contre des groupes dont les valeurs cardinales tournent autour de l’agressivité et surtout d’un manque de reconnaissance résultant de troubles de la personnalité narcissique. L’agresseur veut être connu. Il veut que l’on parle de lui. Tout propos, bon ou mauvais, le concernant est une victoire : il est enfin le centre de l’attention. Ce phénomène est parfaitement illustré sur les réseaux sociaux où les harceleurs vont partager en public les réactions de leurs victimes, souvent accompagnées de phrases types : « On parle de nous », « On est célèbres ». Tout est dit. 

Finalement, l’enjeu derrière cette course à la reconnaissance, c’est la tribune accordée à ces individus. Lorsque l’on fait un ratio, on constate que ces harceleurs constituent un pourcentage infime de la communauté de coureurs. Bien sûr, ils font du bruit : c’est leur raison d’être. Bien sûr, ils le font en cherchant à blesser et à dévaloriser : c’est le chemin le plus efficace de satisfaire leurs troubles narcissiques. Le meilleur moyen de se prémunir contre ces personnalités nocives, c’est l’ignorance. 

Réagir face au harcèlement

Malheureusement, il n’est pas facile d’ignorer cette violence dirigée à notre encontre. Afin de parvenir à l’indifférence, il existe quelques astuces à mettre en place lorsque l’on publie sur les réseaux sociaux.

Demandez-vous toujours pourquoi vous publiez. Si vous le faites pour vous-même, pour recevoir des ondes positives de vos proches, peut-être d’inconnus qui partagent votre passion… Ce peut être aussi pour le travail comme c’est le cas des influenceurs, pour rire, pour partager, échanger… Le but de l’exercice est de bien comprendre ce que vous attendez de votre publication. Aucune raison n’est mauvaise, aucune ne justifie le harcèlement. Simplement, le fait de savoir pourquoi vous publiez va vous donner une arme pour vous défendre si l’on vous attaque.

Par exemple, si vous publiez pour partager avec vos amis et que vous l’avez conscientisé, vous pourrez ignorer les avis de ceux qui ne font pas partie de votre cercle intime. Si vous publiez en tant qu’influenceurs, vous saurez prendre du recul et vous dire que finalement, ces harceleurs vous donnent une certaine visibilité, mais surtout qu’ils constituent une gouttelette d’eau au sein d’une communauté très majoritairement bienveillante. Enfin, si vous publiez pour obtenir une reconnaissance extérieure, qu’elle vienne d’anonymes ou de connaissances, tentez de vous recentrer sur les retours positifs qui sont ceux que vous cherchez initialement. 

Le but étant de détecter la malveillance pure et de lui faire rempart. Les harceleurs ont une construction mentale telle qu’ils ne peuvent pas éternellement se contenter de leur groupe. Ils cherchent des proies. La proie, ce n’est pas simplement la personne hors du cadre, c’est la personne hors du cadre qui va réagir à leurs provocations et ainsi, alimenter leurs échanges. 

Mais finalement, que sont ces individus malintentionnés face à tous ces sourires sur les lignes d’arrivée ? Face à ces messages bienveillants et émouvants reçus sur les réseaux sociaux ? Face à ces accolades chaleureuses ? Face aux encouragements des spectateurs tout au long d’une course qui se fichent totalement du temps que vous allez mettre ? Face à votre enfant, votre mari, votre conjointe qui vous prend la main pour franchir la ligne d’arrivée ? 

La course à pied est un sport qui se vit, qui se ressent. On est athlète à partir du moment où l’on pratique un sport. C’est la langue française qui le dit. Alors continuez d’encourager les athlètes qui vous font vibrer. Continuez de liker, de suivre, de commenter les posts des gens qui vous inspirent et de ceux qui vous ressemblent.

Soyez athlète, courez, imprégnez-vous des valeurs magnifiques de notre si beau sport, et reléguez le reste à sa juste place : loin de vous, tenu à distance par la force de votre profonde indifférence. 


PETIT POINT JURIDIQUE :

Le cyber-harcèlement est puni par la loi. Ainsi, l'article 222-33-2-2 du Code pénal dispose que : « le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n'ont entraîné aucune incapacité de travail.

Les faits mentionnés aux premier à quatrième alinéas sont punis de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 € d'amende :

1° Lorsqu'ils ont causé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours ;

2° Lorsqu'ils ont été commis sur un mineur de quinze ans ;

3° Lorsqu'ils ont été commis sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de leur auteur ;

4° Lorsqu'ils ont été commis par l'utilisation d'un service de communication au public en ligne ou par le biais d'un support numérique ou électronique ;

5° Lorsqu'un mineur était présent et y a assisté.

Les faits mentionnés au premier alinéa sont punis de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende lorsqu'ils sont commis dans deux des circonstances mentionnées aux 1° à 5°.»

Pour que l'infraction soit constituée, il faut notamment :

  • un comportement harcelant, qui peut être incessant ou répétitif. Il n’est pas nécessaire que la personne visée soit directement contactée par l'auteur des faits. Il n’est pas non plus nécessaire qu’elle ait un accès direct aux publications dès lors qu’elle sait que ces dernières existent et que cela a des conséquences sur elle.

  • une atteinte grave et réelle à la tranquillité de la personne,

  • un lien entre le comportement harcelant et l’atteinte à la tranquillité de la personne,

  • une preuve que le harceleur savait que son comportement porterait atteinte à la tranquillité d’autrui.