Fibres musculaires : et si tu t’entraînais à contre-courant de ton corps ? (et ça ruine ta progression)
Tu coches toutes les cases. Tu suis ton plan d'entraînement au millimètre, tu respectes ton sommeil, tu soignes ton alimentation. Et pourtant… tu stagnes. Pire, tu recules. La faute à un manque de mental ? À une charge trop légère ? Ou… à tes fibres musculaires ?
Et si, au lieu de douter de toi, tu étais juste en train de t’entraîner contre ta propre nature ?
Crédit : Chlo.qdv
L'histoire commence… dans un laboratoire suédois
Dans les années 70, un chercheur nommé Bengt Saltin a une idée un peu folle : prélever des fragments de muscles directement sur des athlètes pour les observer au microscope. Oui, oui, une vraie biopsie musculaire.
Objectif : comprendre pourquoi un sprinter et un marathonien, pourtant tous deux "coureurs", performent de manière si différente.
Résultat ? Le sprinter est blindé de fibres rapides, puissantes mais fugaces. Le marathonien, lui, est une usine à fibres lentes : endurantes, économes, résistantes à la fatigue. L’un fait des étincelles, l’autre brûle lentement mais sûrement.
Ton moteur n’est pas le même que celui du voisin
Ce que Saltin met en lumière, c’est simple : ton potentiel est en grande partie inscrit dans la composition de tes fibres musculaires. Et ça, ni ta montre connectée, ni ton miroir ne peuvent te le révéler.
Il existe trois grands types de fibres :
Type I (lentes) : championnes de l’endurance, idéales pour les longues distances.
Type IIx (rapides) : puissantes mais rapidement fatiguées. Parfaites pour les sprints.
Type IIa (intermédiaires) : caméléons du muscle, elles s’adaptent à l’entraînement. Tu veux progresser ? C’est là que ça se passe.
Imagine ton corps comme un parc automobile avec des moteurs différents. Le problème, c’est qu’on essaye souvent de tous les faire rouler à la même vitesse...
Ce que tu travailles... façonne ce que tu deviens
Chaque type d’entraînement cible un type de fibre :
Footing lent ? Tu stimules les fibres lentes. Résistance, économie, longévité.
Allures seuil et tempo ? Tu embarques les fibres mixtes, celles qui s’adaptent et progressent.
Sprints, côtes, VMA ? Tu actives les fibres rapides. C’est explosif… mais aussi énergivore.
Et c’est là que beaucoup se plantent.
Le piège des extrêmes
Prenons deux archétypes :
Le bourrin du 10 km : il adore les séances qui font mal. Il fuit l’endurance fondamentale comme la peste. Résultat ? Il explose son système nerveux, épuise ses fibres rapides, et se retrouve sur les rotules.
Le moine du trail : ne jure que par les longues sorties en montagne. Mais sans vitesse, ses fibres rapides s’endorment. Dès qu’il faut relancer ou changer d’allure, il cale.
Dans les deux cas ? Un moteur déséquilibré, un plateau atteint, voire une blessure qui pointe le bout de son nez.
Le bon signal, au bon moment
Le secret ? Ne pas toujours faire ce qu’on aime, mais ce dont notre corps a besoin. Travailler l’ensemble des fibres, sans en surcharger une seule.
C’est comme accorder un orchestre : tu ne veux pas juste jouer plus fort. Tu veux que chaque fibre joue juste.
Quelques clés pour relancer la progression :
Varie les allures : footing, seuil, sprint, côte.
Travaille ce qui est faible : beaucoup de fibres rapides ? Renforce ta base aérobie. Plutôt endurant ? Ajoute un peu de tonicité.
Écoute les signaux : stagnation, fatigue persistante, lassitude ? Ce sont peut-être tes fibres qui protestent.
Courir avec ce qu’on est
Tu n’es pas ton partenaire d’entraînement. Tu n’as pas les fibres de Kipchoge ou la foulée de Kilian. Et ce n’est pas grave. Au contraire, c’est une force. Si tu apprends à t’écouter.
Ne copie pas l’entraînement de ton youtubeur préféré. Adapte-le. C’est là que réside la vraie performance. Celle qui dure. Celle qui ne te grille pas, qui ne t’épuise pas. Celle qui te fait avancer... avec ce que tu as sous le capot.
En résumé
Ta performance ne dépend pas uniquement de ton mental ou de ta motivation. Elle repose sur un subtil équilibre musculaire qu’il faut apprendre à lire, respecter et entraîner. Tu veux progresser ? Commence par apprendre à courir... avec toi-même.
Tu coches toutes les cases. Tu suis ton plan d'entraînement au millimètre, tu respectes ton sommeil, tu soignes ton alimentation. Et pourtant… tu stagnes. Pire, tu recules. La faute à un manque de mental ? À une charge trop légère ? Ou… à tes fibres musculaires ?