Course et montre connectée: bonne ou mauvaise idée?
La montre connectée, aussi appelée montre GPS, est devenue en quelques années un objet iconique du monde de la course à pied. Véritablement indispensable pour certains, inutile et gadget pour d’autres, chacun a son avis sur cet accessoire de plus en plus omniprésent sur les poignets des coureurs.
La montre connectée : accessoire de mode dans le milieu de la course à pied
En 2020, plus de 87% des coureurs réguliers effectuaient leurs sorties running avec leur montre connectée. Depuis, ce chiffre déjà significatif ne fait qu’augmenter.
Loin des modèles lourds et inesthétiques des premières années, la montre connectée est devenue un véritable accessoire. Avec des designs de plus en plus travaillés, les équipementiers ont su conquérir le coureur au sens large. Les coloris, les formes, la taille… Tout a été repensé pour convenir aux besoins d’un marché de plus en plus conséquent.
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Dans un monde où l’apparence et l’appartenance à une communauté sont importants pour beaucoup, la montre GPS est un faire-valoir de choix. Montre-moi ton poignet, je te dirai qui tu es. Exit les lignes de la main, je peux maintenant deviner ton activité physique favorite et ton niveau de pratique uniquement grâce à ta montre. Elle m’indiquera potentiellement aussi tes préférences de discipline au sein de la course à pied, ou encore ton attrait plus ou moins marqué pour la nouveauté et les innovations.
Attention, il ne s’agit pas ici d’émettre une critique sur les dérives de notre société consumériste ! Force est simplement de constater qu’au même titre que la voiture par exemple, la montre connectée est aujourd’hui un véritable objet d’identification pour les coureurs. Elle semble même avoir supplanté les chaussures dès lors qu’elle est portée dans le quotidien du pratiquant, et non plus uniquement lors des séances.
La montre connectée : fidèle alliée des coureurs à l’entrainement
Mais si ce petit accessoire a rencontré un succès si fulgurant, ce n’est pas un hasard !
En effet, chacun a aujourd’hui accès à des données et des possibilités lors de l’entrainement initialement réservées aux athlètes élites. Chrono (bon d’accord, ça ce n’est pas tout récent), vitesse en temps réel, intervalles durant les entrainements… Tous ces éléments permettent aux coureurs de pouvoir s’entrainer de façon plus efficience et autonome.
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Plus besoin du coach chrono en main, ficelle autour du cou, sifflet en bouche qui vocifère sur les côtés de piste ! Il est désormais possible de se faire crier dessus directement par sa montre (d’ailleurs, il faut que je bouge, parait-il). Plus sérieusement, la montre GPS se révèle très utile pour gérer ses entrainements de manière rigoureuse, tant sur les temps d’effort que sur les allures.
Mais les avantages de la montre connectée dans la pratique de la course à pied ne s’arrêtent pas là. Ainsi, de plus en plus de modèles permettent dorénavant de mesurer votre fréquence cardiaque, soit directement au poignet, soit à l’aide d’une ceinture cardio. Cette possibilité semble être un véritable trésor pour le coureur. Il devient possible de déterminer ses zones d’allure, sa VMA, de surveiller son cardio à l’effort, durant la récupération, et même d’apprécier les effets d’un entrainement quotidien sur la fréquence cardiaque au repos. À condition évidemment que de telles données soient fiables, on y reviendra.
La montre GPS a donc permis d’élargir considérablement le champ des possibles pour de nombreux coureurs amateurs. Il est devenu plus facile de ne pas se contenter d’un simple footing mais de planifier des entrainements construits, même sans intégrer un club d’athlétisme et courir sur piste.
Fiabilité : une technologie qui a ses limites?
La montre GPS est un petit bijou de technologie. Pourtant, peut-on tenir pour acquis toutes les informations qu’elle peut nous communiquer ? Bien évidemment, la réponse est non.
En l’état actuel, la fiabilité des mesures affichées par les montres connectées n’est pas démontrée. On pense particulièrement ici aux données cardiaques. A moins de coupler l’utilisation de votre montre avec une ceinture cardio, il n’est pas conseillé de s’appuyer sur les chiffres que vous verrez apparaitre à l’écran. Raccroche ce téléphone Joe, et laisse ton cardiologue tranquille, tu n’es pas monté à 280bpm sans t’en rendre compte.
Il est donc important de rester lucide et de savoir prendre du recul quant aux informations disponibles sur les montres connectées. Temps de sommeil profond, fréquence cardiaque, état de forme avant l’entrainement (vous savez, ce -5 qui apparait au bout d’1,5km et vous donne envie de tout envoyer balader) … Ces éléments sont avant tout du « gadget » et ne doivent pas être considérés comme des données fiables et déterminantes de votre état de santé réel. N’oubliez pas que vous êtes un être vivant doté de sensations. Fiez-vous à votre ressenti lors de vos entrainements et veillez à ne pas toujours vous reposer à 100% sur votre montre.
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Il en est de même pour le GPS. Oui, vous avez bien lu, arrêtez de vous voiler la face, votre piste d’athlétisme ne mesure pas 413m, elle en fait 400, point. Dans le même ordre d’idée, il ne sert à rien de manifester votre indignation après votre course officielle de 10K parce-que votre montre indique qu’elle ne fait que 9,8km. RIP le RP sur 10K à partager sur les réseaux, on le sait, c’est dur… Mais il va falloir faire avec ! Le GPS, bien que globalement très précis, n’est pas infaillible. Les tunnels, les arbres et toutes sortes d’éléments extérieurs peuvent altérer son fonctionnement en temps réel et provoquer des incohérences.
Encore une fois, prenez du recul sur cette technologie. C’est un outil formidable qui ne cesse de s’améliorer, mais on ne peut pas considérer que les produits actuellement disponibles sur le marché sont 100% fiables dans toutes les fonctionnalités proposées.
Le coureur et sa montre connectée : une relation à double tranchant
Il s’agit moins ici de la montre en elle-même que de l’utilisation faite des données qu’elle contient. Sur les applications des équipementiers, chaque coureur peut avoir un profil et partager ses statistiques avec les coureurs de sa communauté.
On pense aussi inévitablement à Strava, la première application connectée qui permet de partager ses activités sportives et compte des millions d’utilisateurs dans le monde. Car ne nous voilons pas la face : auriez-vous été porter réclamation à l’organisation de votre fameux 10K qui n’en ferait selon votre montre que 9,8 si cela n’avait pas nui à la superbe publication post course que vous aviez en tête ? Finalement, ce que beaucoup apprécient, c’est le fait de pouvoir partager ses sorties, ses temps, ses réussites avec les autres coureurs connectés.
Ces pratiques n’ont en soi rien de néfaste, au contraire ! Elles renforcent la motivation de nombreux coureurs débutants et crée des liens entre des individus qui partagent une passion commune : la course à pied.
Mais comme toujours, le trop peut parfois devenir l’ennemi du bien. Peur de décevoir, volonté d’impressionner… Beaucoup d’écueils guettent les accros aux objets connectés. Certains peuvent même aller jusqu’à penser, durant leur entrainement, à leur publication future. On songe notamment aux coureurs qui ne publient pas leurs footings à endurance fondamentale, ou qui n’en font d’ailleurs plus de peur de subir des moqueries de la part des copains. Ou encore aux professionnels de la gestion de la montre connectée, qui mettent cette dernière en pause pendant les périodes de récupération pour ne faire apparaitre que les portions rapides. Tout cela n’est pas mal en soi, mais peut dénoter un certain mal-être et un besoin de reconnaissance trop important.
Tout comme les parents mettent leurs enfants en garde contre les réseaux sociaux, il faut mettre en garde les coureurs contre ce partage permanent de données obtenues via les montres connectées. Pensez à vous interroger parfois : pourquoi courez-vous ? Est-ce que vous aimez ce sport et les sensations qu’il procure, ou préférez-vous la satisfaction lorsque vous publiez votre dernière course ? Il n’y a pas de mauvaise réponse, tant que vous en êtes conscients. Attention toutefois, pour s’épanouir pleinement dans son sport, il faut le faire pour soi, non pour les autres.
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