Les impacts du réchauffement climatique sur notre pratique quotidienne de la course à pied
Le réchauffement climatique est un véritable sujet de société qui touche déjà de plus en plus de populations parmi lesquelles on retrouve les coureurs. Avec une augmentation de la température moyenne annuelle de plus d’un degré en 30 ans en France, les adeptes de la course à pied ont fait face à la nécessité d’adapter leur pratique.
Réchauffement climatique et pollution : fléaux pour la santé des coureurs
Parmi les nombreux effets néfastes du réchauffement climatique, on retrouve l’augmentation des pics de pollution, particulièrement dans les grandes métropoles.
Lors de ces pics, nous inhalons davantage de particulières fines d’ores et déjà omniprésentes le reste de l’année, mais particulièrement concentrées sur ces périodes. Par exemple, le monoxyde de carbone très présent en zone urbaine va constituer un véritable risque. Ce risque se répercute particulièrement sur les sportifs d’endurance car il va très schématiquement nuire à la circulation de l’oxygène dans le sang.
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Pourquoi les coureurs sont-ils particulièrement exposés ? Simplement parce-que comme tout sport d’endurance, la course à pied induit un état d’hyperventilation. Alors qu’une personne immobile en état de repos consommera en moyenne 5 litres d’oxygène par minute, un coureur en pleine séance de fractionné intense peut consommer 200 litres sur la même durée. Ainsi, plus la quantité d’air absorbée sera importante, plus les particules fines seront nombreuses elles-aussi à pénétrer dans l’organisme. Une étude fait état de la multiplication par 4 de l’ingestion de particules fines en cas d’effort intense par intervalles.
Ajoutons à cela le fait que la plupart des coureurs respirent par la bouche durant l’effort, ce qui augmente encore un peu plus l’inspiration de particules fines. En effet, le nez humain comporte de fins poils qui agissent comme filtres naturels. En optant pour une respiration buccale à l’effort, on supprime ce filtre et nous laissons le champ libre aux particules polluantes.
Pourtant, peu de coureurs ont réellement conscience de la dangerosité de pratiquer leur sport favori durant un pic de pollution. Nombreux sont encore les téméraires à ignorer les messages d’alerte et à chausser les baskets alors qu’un tel pic a été détecté. Les conséquences sur la santé sont pourtant bien réelles. En effet, une étude réalisée en 1983 sur des coureurs à Manhattan a révélé que les 30 minutes de footing effectuées ont eu le même effet sur le taux de concentration de carboxyhémoglobine que s’ils avaient fumé 10 cigarettes dans les heures précédentes.
Comment le réchauffement climatique impacte la vie quotidienne des coureurs?
Le réchauffement climatique a déjà à l’heure actuelle un impact sur notre pratique de la course à pied.
Au-delà de la pollution, la météo elle-même nous pousse à repenser nos usages. De façon très pragmatique, on constate depuis quelques années que les hivers sont beaucoup plus doux en France et les étés plus chauds. Lorsque l’on sait qu’au-delà de 32 degrés, la pratique d’une activité physique est considérée comme dangereuse pour la santé des sportifs, on prend conscience de la nécessité d’adapter notre pratique, particulièrement durant les mois d’été.
Ainsi, il devient de plus en plus difficile de s’entrainer en journée durant l’été, même en évitant les heures les plus chaudes. La solution? S’entrainer tôt le matin. Or, ce changement de routine peut ne pas convenir à tous les coureurs : sommeil insuffisant, stress du réveil… D’autant plus que malgré ces précautions, il reste déconseillé de s’entrainer en pleine zone urbaine. Les coureurs citadins devront donc inclure un temps de trajet plus ou moins long pour s’excentrer avant de réaliser leur entrainement. Cela peut donc devenir très contraignant.
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C’est sûrement la raison pour laquelle certaines échéances sont de plus en plus boudées par les athlètes au profit d’autres courses jusqu’ici moins prisées. C’est le cas par exemple du Marathon de Berlin qui suppose une préparation durant les mois d’été. De nombreux athlètes ont fait le choix de renoncer à cette échéance pour s’aligner sur le marathon de Valence. Ce dernier se court en décembre et permet donc d’effectuer sa préparation sur les mois d’automne, alors que les températures sont plus fraiches.
Les organisateurs de course vont donc se heurter à de nouvelles problématiques qui pourraient les inciter à revoir intégralement le calendrier des échéances internationales.
Chaleur & performance : ennemis irréconciliables
Le réchauffement climatique et la pollution ont un impact direct sur les performances des athlètes. Beaucoup d’athlètes de haut niveau développent ce qu’on appelle un asthme d’effort à cause des polluants inhalés lors des entrainements. Le sport va donc leur créer une pathologie respiratoire qu’ils n’avaient pas au départ. Un comble n’est-ce pas? La faute à l’hyperventilation qui va entrainer une ingestion beaucoup plus importante de particules fines contenues dans l’air inspiré durant l’effort.
Une étude a été menée pour étudier concrètement les effets de ces particules fines sur la performance. 16 cyclistes de 20 ans ont pédalé dans deux situations distinctes : un environnement pauvre en particules fines et un milieu plus riche en particules fines. Les résultats sont sans appel : on a pu noter une diminution de 3% de leurs performances et la survenue plus précoce du 1er seuil respiratoire. Les cyclistes étaient donc moins rapides et plus vite essoufflés.
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De plus, comme expliqué plus haut, la hausse des températures, particulièrement en été, risque de nuire aux performances des athlètes. La chaleur fait en effet partie des facteurs significatifs qui peuvent affecter cette dernière.
Il semble donc que malgré les adaptations dans la pratique des coureurs, le réchauffement climatique risque d’atteindre inexorablement les performances de ces derniers.
Malgré des avancées notables en matière de sport féminin, de nombreux aspects biologiques, comme le cycle menstruel, restent souvent sous-estimés dans l’élaboration des programmes d’entraînement. Pourtant, mieux comprendre son cycle menstruel et ses effets sur le corps peut devenir une force pour les sportives, en optimisant les entraînements, la récupération et les performances. Juliana Antero, chercheuse à l'INSEP, nous explique les effets du cycle hormonal sur les athlètes.