L’affrontement des légendes. Voici ce qu’il s’est vraiment passé. Avec Ugo Ferrari
Le Chianti Ultra Trail aurait pu rester une belle course régionale au cœur des collines toscanes. Pourtant, elle est devenue, en l’espace d’un week-end, le théâtre du plus gros affrontement du début de saison.
Kilian Jornet, Jim Walmsley et Vincent Bouillard. Trois vainqueurs de l’UTMB, trois styles, trois ambitions. Tous alignés sur un 120 km aux allures de rendez-vous inattendu.
Dans cet épisode spécial de Dans la tête d’un coureur, Guillaume reçoit Ugo Ferrari (coureur et créateur de contenu) et Benjamin Saccenti (team manager d’une équipe élite) pour un débrief sans filtre d’une course déjà entrée dans l’histoire.
Chianti, ou l’art de passer de l’ombre à la lumière
Si la Chianti Ultra Trail s’est retrouvée sous les projecteurs, ce n’est pas uniquement grâce à la présence des stars. L’épreuve a su monter en puissance en intégrant le circuit UTMB World Series et en distribuant deux "golden tickets" qualificatifs pour la Western States. Un choix de calendrier pertinent, un décor séduisant, un parcours plus exigeant que prévu : les ingrédients étaient réunis pour attirer un plateau élite.
Benjamin souligne qu’à l’échelle du circuit pro, la course offrait une belle opportunité de se placer tôt dans la saison, sans s’épuiser sur un format trop long. Pour les coureurs, c’était l’occasion de prendre des repères, de tester du matériel, ou d’assurer une qualification.
Trois profils, trois objectifs
Ce qui a donné au Chianti son intensité dramatique, c’est la diversité des enjeux parmi les favoris.
Kilian Jornet, dont la participation n’a été confirmée qu’au dernier moment, semblait avoir fait le déplacement pour assurer une qualification à la Western States. Son approche a été très en contrôle, très stratégique.
Jim Walmsley, de son côté, avait besoin d’un signal fort après son abandon à l’UTMB 2024. Il est arrivé affûté, confiant, prêt à dominer.
Quant à Vincent Bouillard, vainqueur surprise de l’UTMB l’an passé, il avait probablement à cœur de montrer qu’il était plus qu’une étoile filante. Il a livré une course engagée, courageuse, en jouant sa carte à fond.
Chacun représentait une manière différente d’aborder la compétition : tactique, démonstrative ou en quête de confirmation.
Un scénario tendu, une course maîtrisée
Sur le terrain, le début de course est resté relativement groupé. Les favoris ne se sont pas précipités. Ugo, qui participait à l’épreuve, a ressenti une vraie tension dans l’air : “personne ne voulait craquer trop tôt, tout le monde observait. Le rythme était soutenu, mais sans attaque franche pendant les premières heures”.
C’est Jim Walmsley qui a débloqué la situation. Il a placé une accélération progressive, mais très bien construite, sans jamais se retourner. Selon Benjamin, cette gestion illustre parfaitement la maturité tactique de Jim : “il n’est plus seulement un coureur explosif, mais un compétiteur complet, capable de contrôler une course de bout en bout”.
Derrière, Kilian a géré son effort, semblant volontairement rester en dedans. Même diminué (il évoque après coup une gêne au genou), il est resté dans le match jusqu’au bout. Dans les derniers kilomètres, il a repris Vincent, qui avait tenté un coup dans la descente mais n’a pas pu tenir jusqu’au bout.
AUBIN Ferrari, outsider à ne pas sous-estimer
Un autre nom a émergé de cette course : Aubin Ferrari, le frère d’Ugo, qui termine à une remarquable 4e place. Moins exposé médiatiquement, il signe une performance solide dans un contexte ultra dense. Ugo le souligne dans l’épisode : “au vu du niveau devant, c’est un résultat de très haut niveau qui mérite d’être reconnu”.
Une épreuve exigeante, loin d’un simple “roulant”
Le Chianti est parfois perçue comme une course rapide, idéale pour un début de saison tranquille. Mais ceux qui étaient sur le terrain l’ont vécu autrement. Ugo décrit un tracé boueux, sinueux, avec une vraie technicité et des passages difficiles à lire.
Autrement dit : ce n’était pas un footing printanier, mais un véritable ultra exigeant.
Une saison 2025 déjà relancée ?
Ce que révèle ce Chianti 2025, c’est que la saison est déjà lancée. Et de manière spectaculaire. Le plateau élite a bougé. Des hiérarchies ont été esquissées. Des intentions ont été montrées.
La suite s’annonce immense :
Western States pourrait voir une revanche entre Kilian, Jim et Vincent
Hardrock 100 réunira des noms comme Mathieu Blanchard, Germain Grangier, Ludovic Pommeret
UTMB 2025 laisse déjà présager un retour de François d’Haene et de nombreuses confrontations à venir
Benjamin insiste sur ce point dans l’épisode : “il faudra suivre de très près l’évolution des états de forme, les blessures, les récupérations… car le niveau global ne laisse plus aucune marge.”
Ce que le Chianti a vraiment révélé
Le Chianti Ultra Trail 2025 n’a peut-être pas bouleversé le classement mondial, mais il a mis en lumière une nouvelle dynamique du trail élite :
Des coureurs plus stratèges
Des organisations capables d’accueillir le très haut niveau
Et un public de plus en plus attentif à chaque prise de dossard
C’est aussi un signal : chaque course compte désormais. Et cette saison 2025 ne fera pas de cadeaux.
Ce week-end, Paris a vibré au rythme des foulées. Des milliers de coureurs ont pris part à l’ÉcoTrail de Paris, avec, pour certains, une arrivée au premier étage de la tour Eiffel !