Yotta 2024 : J’ai testé ce format de course inédit !
Conquise par la première journée de la Yotta, cette course au format atypique qui se tenait à Vichy ce week-end, j’ai sauté le pas et pris part à la course en relai qui se tenait ce dimanche. Au programme : 2 relayeuses, 6km de course à pied, 5 boucles et toujours les fameuses barrières horaires dégressives.
Passion et adaptation : la force de cette édition 2024 de la YOTTA
Il est 8 heures ce matin lorsque je vois Sacha Rosenthal, le chef d’entreprise à la tête de Xéfi et fondateur de la YOTTA, s’installer avec un regard fermé, pris dans une intense réflexion dont il semble seul à pouvoir se sortir. La nouvelle tombe : la 2ème journée de la YOTTA se fera sans natation. Les orages et la pluie ont charrié de nombreuses branches et autres objets dans l’Allier qui a été jugée impropre à la baignade.
Une fois encore, les équipes sont à pied d’oeuvre pour adapter les courses du jour et permettre à chacun d’y participer.
C’est donc sur un format totalement repensé que les participants du jour se sont alignés. Pour les relais, le nageur devra courir 2km tandis que le coureur effectuera la distance prévue de 4km. Sur la XPS femme classique, les concurrentes devront réaliser une boucle de 6km de course avec un maximum de 3 tours.
Les enfants ont quant à eux pu vivre leurs épreuves telles qu’elles étaient annoncées puisqu’elles ne comportent aucune partie aquatique.
YOTTA Kids : transmettre les valeurs du sport aux jeunes générations
Ce sont d’ailleurs les graines de champions qui ont le privilège d’ouvrir les festivités. Les plus jeunes d’abord, puis les deux catégories plus âgées. L’ambiance est déjà à la fête. Les parents se tiennent prêts à encourager leurs progénitures, à l’image de la championne Amélie Mauresmo qui attend avec impatience le départ de ses deux enfants. La hâte est telle que la première vague prend les speakers de court en s’élançant avant la fin du décompte. Qu’à cela ne tienne : c’est parti ! Il aurait de toute façon été vain de tenter de les arrêter tant le peloton est parti à une vitesse folle. Les enfants sont là pour s’amuser mais veulent aussi se dépasser et montrer de quoi ils sont capables sous le regard bienveillant du public.
La deuxième et la troisième vague prennent le départ dans les mêmes conditions, attendant cette fois le GO pour démarrer, mais étonnant toujours le vélo ouvreur qui, malgré la force de l’habitude, se laisse surprendre par la vitesse de ces champions en herbe et manque de se faire rattraper. Kangourous, Guépards, Lion… Peu importe la catégorie, tous ont filé telles des étoiles.
À l’arrivée, malgré quelques déçus qui se sont heurté à l’implacable barrière horaire, tous sont fiers et les parents conquis.
« Ma fille n’a pas pu partir courir la dernière boucle à cause de la barrière horaire. Elle est déçue, forcément, mais c’est aussi ça le sport ! Je suis très fière d’elle et de son grand frère qui est allé au bout. Elle est encore jeune, l’année prochaine, elle pourra prendre sa revanche. » - Amélie Mauresmo
Comme pour les adultes, la médaille se mérite et les règles doivent s’appliquer. Loin de créer une frustration décourageante, la course constitue un challenge futur pour ceux qui ne sont pas parvenus au bout cette année.
Vivre l’expérience de la YOTTA sur le relai
Maintenant, c’est mon tour. Je retrouve ma binôme Valérie, kinésithérapeute au sein du groupe Xéfi. Elle qui devait s’élancer sur la natation se voit contrainte de courir le relai de 2km malgré une gêne au genou. Pas de pression, nous sommes avant tout là pour vivre une belle expérience.
À ses côtés sur la ligne de départ, quelques élites ont décidé de former leurs binômes avec des amateurs pour continuer à profiter de l’expérience Yotta. C’est le cas de Margot Garabedian, 2ème de la XPS élite de la veille, mais aussi de Manon Genêt. La championne retrouvait ainsi le chemin des sas de départ après la naissance de ses jumelles il y a quelques mois. Elles sont d’ailleurs présentes, prêtes à assister à la première course de leur maman.
« Je ne suis pas là pour la compétition, de toute façon ce n’est pas envisageable. Je veux simplement profiter, prendre du plaisir dans ce relai et m’imprégner à nouveau de l’ambiance des courses officielles. Et puis, mes filles sont là pour m’encourager ! » - Manon Genêt
Au top départ, les premiers s’envolent littéralement. Le niveau est très relevé et beaucoup de nageurs se révèlent être aussi des coureurs redoutables. Alors que j’attends sagement l’arrivée de ma binôme pour démarrer à mon tour, je vois passer devant moi un homme sur son fauteuil roulant qui adapte son parcours aux aspérités du terrain. Son binôme m’explique :
« Il devait faire la natation, le parcours de la course à pied n’est pas adaptée au fauteuil après ces orages. Mais il n’a pas voulu abandonner alors, avec les organisateurs, ils ont créé un tracé de 2km praticable. On va la passer, cette ligne d’arrivée. »
Quand vient me tour, je suis rapidement portée par les cris des tribunes devant lesquelles je passe dès les premiers mètres. Un dernier boost avant l’effort. Le parcours est simple, plat, entre routes et chemins. Les passants s’arrêtent pour quelques encouragements bienvenus. Il fait chaud et le temps orageux rend l’atmosphère lourde et humide.
Au premier tour, nous sommes largement en deçà de la barrière horaire. Malgré tout, l’ambiance de compétition donne envie d’accélérer. On ne peut pas dire que je reste dans la gestion. Je tombe même assez rapidement dans le piège de la compétition malgré la certitude que je risque de le payer plus tard, quand les cut off seront plus exigeants. Je passe la ligne d’arrivée une première fois et je m’arrête en sachant qu’il faudra repartir à la fin du temps imparti. C’est une sensation étrange mais plaisante. Une impression qu’il y a plusieurs courses en une. Le format ne ressemble à rien de ce que j’ai pu connaitre.
Je retrouve ma binôme le temps d’un rapide débrief sur notre gestion du temps et la voilà repartie pour sa deuxième boucle. L’histoire se répète.
Cette fois sur le parcours, je cours un moment aux côtés d’une jeune femme avec qui une discussion s’entame. Elle s’appelle Pauline et elle participe à la Yotta depuis sa création. Elle m’explique :
« Tout m’a plu sur cette course. Le format est original, l’ambiance est top et elle est à côté de chez moi. Je l’ai faite une première fois par curiosité et depuis, c’est un immanquable ! ».
Au fil des tours, la barrière horaire se réduit invariablement de 5 minutes. On est confiantes, on passe largement. Cependant, la gêne au genou de ma binôme se mue en douleur et un gonflement apparait. Elle qui a déjà couru la veille sent que son corps fatigue. Hors de question de prendre le risque de se blesser : la troisième boucle sera la dernière ! Alors que je termine mon relai, elle me rejoint sur la dernière ligne droite pour passer la ligne d’arrivée à mes côtés.
Aucune frustration, seul compte le plaisir d’avoir vécu cette aventure hors normes. Lorsqu’une bénévole passe la médaille « Giga » autour de mon cou, indiquant que j’ai effectué 3 tours sur les 5, je ressens instinctivement une fierté mais aussi un désir d’aller m’emparer des 2 suivantes. Le rendez-vous est pris, Yotta, je te dis à l’année prochaine !
Pour tous, le marathon est une aventure, un défi qui nous pousse vers l’objectif final : la ligne d’arrivée. Pour Arnaud Tsamère, c’est un véritable chemin, celui de la reconstruction. Il nous raconte comment le sport et la course à pied l’on sauvé.