Confiance en soi et running : comment créer un cercle vertueux ?
Entre les doutes, le sentiment d’infériorité ou encore le perfectionnisme, les conséquences d’un manque de confiance en soi peuvent-elles être un vrai frein à l’épanouissement chez l'athlète ? Peut-on utiliser la course à pied pour créer un cercle vertueux autour de la confiance en soi ?
Qu’est-ce que la confiance en soi ?
Selon une étude réalisée en 2018 par Statista Research, 50 % des Français âgés entre 18 et 30 ans disent ne pas avoir confiance en eux, dont 10 % pas du tout. La France est aussi l’un des pays où l'indice de confiance en soi est l’un des plus bas d’Europe. Les femmes sont les plus touchées par ce manque de confiance.
Mais comment définir la notion de confiance en soi ? On entend beaucoup parler d’amour de soi, d’estime de soi, d’image de soi ou encore de confiance en soi. Mais quelle est la différence ?
Christophe André parle du triangle de l’Estime de soi, et pose l’idée que l’Estime de soi est composée de 3 pôles :
La vision ou l’image de soi : l’image que l’on a de soi et que l’on pense renvoyer aux autres.
L’amour de soi : cette capacité à reconnaitre et accepter notre valeur en dehors de nos actes, de ce que nous faisons.
La confiance en soi, qui repose non pas sur l’Être mais sur le Faire. Nous pouvons ainsi définir la confiance en soi par l’aptitude d’une personne à croire en son potentiel et en ses capacités. Loin d’être innée, elle est le fruit d’un véritable travail intérieur.
La distinction est importante à faire et à comprendre car on voit bien que les problématiques qui découlent d’un déficit d’amour de soi, touchant à l’identité, seront différentes d’un déficit de confiance en soi, touchant au niveau des capacités.
D’ailleurs, quelqu’un peut avoir énormément confiance en soi, développer de nombreux projets, réussir beaucoup de choses, et pourtant avoir un très faible amour de soi. À l’inverse, il est possible d’être conscient de sa valeur intrinsèque en tant qu’être humain, mais de n’avoir aucune confiance en soi. Les personnes concernées vont alors douter de tout, se comparer sans cesse aux autres qui “réussissent (mieux)”.
Identifier un manque de confiance en soi dans le sport
La confiance en soi est cruciale dans la vie en général. C’est elle le moteur de nos actions. Or l’action, c’est ce qui nous met en mouvement pour avancer vers nos objectifs, sportifs ou personnels.
La confiance en soi est cruciale dans la vie en général. C’est elle le moteur de nos actions. Or l’action, c’est ce qui nous met en mouvement pour avancer vers nos objectifs, sportifs ou personnels.
Sans confiance en moi, et même si j’ai un amour de moi solide, je ne passe pas à l’action, je procrastine, je stagne.
Le plus important à comprendre, c’est que la confiance en soi n’est pas innée. De plus, elle est fluctuante tout au long de notre vie. Il est possible de la construire, de la solidifier, mais elle peut aussi s’effriter de nouveau par la suite. Elle n’est pas fixe.
Mais alors, comment identifier un problème de confiance en soi ?
Le dialogue interne est un très gros indicateur pour cela : observez la façon dont vous vous parlez. Est-ce plutôt positif ? négatif ? équilibré ? y a-t-il beaucoup d’injonctions (il faut, je dois, je devrais…) ?
Cela peut vous amener à avoir l’impression que votre quotidien est une lutte permanente contre vous-même : j’y vais, je n’y vais pas, je saurai, je ne saurai pas… Vous multipliez les allers retours avec cette sensation de résistance, de blocage à l’intérieur de vous. Vous doutez de tout, beaucoup d'objectifs vous semblent insurmontables/impossibles et cela peut amener à de l’auto-dénigrement, mais aussi à de la fausse assurance.
Au-delà du processus interne de conflit avec vous-même, cela peut vous amener à vous comparer aux autres athlètes, même s’ils ne sont pas du même niveau et bien plus expérimentés, aggravant encore davantage ce sentiment d’infériorité.
Ensuite, il y a le plan émotionnel. Cela peut se manifester par de l’émotion, mais aussi de la sensation. D’ailleurs, quand vous souffrez d’un problème de confiance, il est possible que si vous parvenez à atteindre des objectifs que vous vous étiez fixés, vous attribuiez ça à de la chance, ou à l’environnement extérieur. Ne pas prendre le mérite de ses victoires est une flagrante manifestation du syndrome de l’imposteur.
Enfin, sur le plan relationnel et systémique, un manque de confiance en soi pourra s’observer par la posture dans laquelle nous interagissons avec les autres (athlètes, coachs…) : ai-je tendance à m’effacer ? À ne pas dire ce que je pense ? À ne pas poser mes limites ?
Confiance en soi : une construction de longue haleine
Quand on vient au monde, on a tous le même degré de confiance en soi. C’est notre histoire, notre environnement qui impact positivement ou négativement notre confiance en nous. Cependant, remettre la “faute” exclusivement sur son histoire et son environnement, c’est s’enfermer dans un rôle de déresponsabilisation vis à vis de soi et de sa vie.
Running et santé mentale : la course à pied peut-elle soigner l’esprit ?
Il faut rappeler que nous portons tous une histoire de vie, parfois très lourde et douloureuse. Bien entendu, n’oublions pas aussi que 95% de nos fonctionnements sont inconscients, et que dans ces 95%, on y retrouve les croyances limitantes hérités, les injonctions sociétales, historiques, socio-culturelles, religieuses…
Néanmoins, il faut avoir en tête nous restons tous maîtres de notre vie et des choix que nous faisons. Ainsi, même si une personne a vécu une histoire très difficile, cela signifie qu’elle a, quelque part en elle, toutes les ressources pour pouvoir se reconstruire.
Schématiquement, si l’on doit retracer la construction depuis l’enfance, on peut considérer qu’à partir de 5 ans, l’enfant façonne son image de soi. Dans ce processus, les parents ont un rôle primordial à jouer : l'enfant apprend à se voir comme les autres personnes de son entourage le perçoivent.
Déjà, il est certain que des contextes d’enfance avec violence vont impacter le développement psychique de l’enfant jusqu’à l’âge adulte, et continuer tout au long de sa vie.
Mais il est aussi important de mettre l’accent sur des situations qui paraissent parfois anodines. Par exemple un souvenir où le professeur appelle l’enfant pour réciter un poème au tableau, que l’enfant ne le connait pas, et que la classe se moque de lui. La souffrance est subjective : chacun possède son niveau d’évaluation et son seuil.
Ces souvenirs qui peuvent vous revenir en tête, que vous jugez aujourd’hui comme banals, ne l’étaient peut-être pas tant que ça avec vos yeux d’enfant. Vous avez peut-être pu en tirer des conclusions telles que : “je ne suis pas capable”, “plus jamais je ne m’exprimerais devant les autres”, “à partir de maintenant je vais tout faire pour toujours réussir”... Tous ces événements ont pu contribuer à écorcher votre confiance en vous.
De la même façon, on peut identifier des comportements qui favorisent la construction de la confiance en soi chez l’enfant :
Démontrer à son enfant qu’on l'aime tel qu’il est
Donner à son enfant des petites responsabilités.
Donner du temps à son enfant.
Valorisez les efforts de son enfant et ses succès.
Aidez votre enfant à remarquer ses forces.
Laissez votre enfant exprimer ses goûts, ses émotions et sa pensée
Mais tout ne se construit pas pendant l’enfance ! On peut voir la confiance en soi comme un muscle. Il peut se renforcer, être blessé puis rééduqué tout au long de notre vie.
Prendre confiance en soi par le sport
La santé physique et la santé mentale sont intimement liées. La confiance en soi est reliée à l’action. C’est le propre du sport. Au-delà des effets physiologiques (sécrétions d’endorphine, rééquilibrage du système nerveux, décharge et apaisement émotionnel…), le sport permet d’ancrer dans la matière des changements concrets. Il aide à “prouver” au cerveau que ce qu’il pense n’est pas forcément avéré. Il permet d’ouvrir un autre champ des possibles : peut-être que si j’arrive à faire telle chose en entrainement, ça signifie que je suis plus capable que ce que je pensais.
Cela peut avoir des conséquences positives sur les sphères professionnelles, familiales ou encore amoureuses.
Mais attention, dans le cadre du sport, les choses peuvent vite être biaisées. Le manque de confiance en soi peut parfois prendre des formes plus complexes : la peur de l'échec ou encore le perfectionnisme. Dans le sport, on peut penser que finalement ça peut plutôt être un avantage d’être perfectionniste ou de refuser l'échec. Pourtant, l’écueil n’est pas loin.
Concernant la peur de l’échec, qui peut être reliée également au perfectionnisme, la personne craint tellement d’échouer que son inconscient se dit qu’il est préférable de ne rien faire plutôt que de prendre le risque d’être en échec. Du coup arrivent des comportements de procrastination, de démotivation.
Il peut même y avoir la peur de la réussite. Ça peut paraitre très surprenant, et pourtant, même si elle est beaucoup moins conscientisée et qu’on en parle beaucoup moins, elle est au moins aussi présente que la peur de l’échec. Pourquoi ? Car si je réussis, cela peut signifier que des choses vont changer. Le cerveau va élaborer des scénarios qui peuvent parfois effrayer.
Qui plus est, si je réussis alors que j’ai toujours cru que j’étais nul et moins bien que les autres, alors ça remettrait en cause tout le socle identitaire que je me suis construit sur pleins de croyances limitantes. Cela prouverait que je ne suis pas qui je pense être, et le décalage serait trop important pour le cerveau. D’ailleurs notre cerveau n’est pas câblé pour nous orienter vers ce qui nous rend heureux, et ne fait pas la distinction entre le bien et le mal. Il ne cherche que l’utilité et l’optimisation. Donc, si ça lui demande moins d’efforts de rester dans un schéma de manque de confiance en soi car il connait déjà, plutôt que de revoir toute sa structure en remettant tout en question, il le fera… même si consciemment ce n’est pas ce que vous souhaitez.
Quelles sont les solutions pour renforcer la confiance en soi ?
Pour renforcer sa confiance en soi, on peut commencer par des petites actions au quotidien. C’est essentiellement par l’action qu’elle se renforcera en envoyant le message au cerveau : “Tu vois, tu pensais que je ne pouvais pas le faire, mais en fait si !”.
Il faut segmenter ses objectifs en objectifs réalisables.
Également, la question de ce qui est prouvable ou non est particulièrement pertinente. Il est important de sortir de vos fonctionnements mentaux automatiques, observer et analyser votre pensée.
Vous pouvez également imaginer qu’au lieu de vous, c’est votre meilleur ami à votre place : il vous expose votre situation. Que lui dites-vous ? Que lui conseillez-vous ? Nous sommes souvent bien plus tolérants avec les autres qu’avec soi-même.
En plus de cela, il est possible de solliciter l’aide de professionnels. La démarche d’oser demande de l’aide et de parler de soi est déjà énorme, surtout pour des personnes qui sont dans des blessures émotionnelles d’abandon ou de rejet. Et n’oubliez pas de prendre en compte la dimension inconsciente des schémas dont vous pouvez vous sentir prisonnier !
Pour tous, le marathon est une aventure, un défi qui nous pousse vers l’objectif final : la ligne d’arrivée. Pour Arnaud Tsamère, c’est un véritable chemin, celui de la reconstruction. Il nous raconte comment le sport et la course à pied l’on sauvé.