Louise et léontine : courir autrement, ensemble

Au Marathon de Paris, il y a les chronos, les records personnels, les jambes qui piquent. Et puis, il y a les histoires qui suspendent le temps. Celle de Louise et Léontine en fait partie. Un duo venu de Belfort, réuni par le basket et lancé ensemble sur 42,195 kilomètres de solidarité, de sueur et d’humanité qu’elles partagent sur leur instagram @RESI-SENS.

Deux basketteuses, une rencontre et une évidence

Louise et Léontine se sont croisées sur un terrain de handibasket. La première y revenait après dix ans d’arrêt, la seconde y avait déjà tout donné. « On ne s’est pas tout de suite parlé, on s’est observées », raconte Louise. Puis, à la fin d’un entraînement, une question : « Tu reviens la semaine prochaine ? » Et depuis, elles ne se quittent plus.

Ce qui les unit ? Le sport, bien sûr, mais surtout une même flamme : la résilience. Léontine parle de Louise avec admiration : « Je me retrouve en elle, par sa combativité. C’était évident qu’on allait construire un projet ensemble. » Ce projet, ce sera un marathon. Pas un 10 km. Pas un semi. Non. Un marathon !

Crédit : instagram @resi.sens

Autonomie, adaptation et chaudronnerie

Louise vit avec un spina bifida, une malformation de la moelle épinière. Certains jours, elle peut marcher. D’autres, elle doit utiliser un fauteuil. Impossible donc de prévoir comment son corps réagira le matin d’un entraînement. « Mais dans le sport, il n’y a aucune adaptation à faire », dit-elle. Une phrase qui claque comme un slogan. Et qui résume tout.

Pour courir ensemble, elles réinventent la pratique. Louise utilise son fauteuil de paratennis, customisé pour l’occasion grâce à un artisan-chaudronnier qui y ajoute une barre amovible. Léontine la pousse dans les montées, l’aide à garder la trajectoire, mais Louise reste autonome. C’est une alliance. Un binôme.

Une préparation à deux vitesses... mais ensemble

Leur préparation est sérieuse. Plan sur-mesure, cinq entraînements par semaine. Fractionné, test VMA, sorties longues, côtes. Louise pousse avec les bras, Léontine avec les jambes. Toujours ensemble. Même sur piste. Même dans le froid. Même quand le corps lâche.

Pendant un mois et demi, Louise ne peut plus s'entraîner. Léontine continue seule, avec une idée fixe : « Le marathon, c’était pour elle. Je savais qu’on le finirait ensemble. »

La ligne d’arrivée, debout

Et elles l’ont fait. Le Marathon de Paris 2025, elles l’ont couru comme elles avaient rêvé de le faire. « Chaque kilomètre, on savait pourquoi on le faisait », confie Léontine. Au virage des 500 derniers mètres, elles se regardent. « On l’a fait. » Louise se lève, marche aux côtés de Léontine. Poignée de main. Épaule contre épaule. Émotion brute.

« On avait visualisé cette scène depuis le début », dit Louise. Et ce rêve devenu réalité est sans doute plus fort que n’importe quel record.

Tout est possible (vraiment)

« On se met nos propres freins », lâche Louise. Et elle n’a pas tort. Ce duo démontre qu’avec un peu d’imagination, beaucoup de détermination et une bonne dose d’amitié, on peut repousser les limites – ou même les redessiner.

Et si vous doutez encore de vos capacités à courir un marathon, rappelez-vous cette image : deux amies, un fauteuil, une barre de métal, et 42 kilomètres de confiance.

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OSTEO, Marathonien, entrepreneur … et bien plus encore !

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Elle pesait 142 kilos. Aujourd’hui, elle est marathonienne.