Les tabous du running au féminin - Body & Mind
Bien que traditionnellement minoritaires dans le milieu sportif, les femmes sont de plus en plus présentes et particulièrement dans le running. Environ 2 millions de femmes déclarent pratiquer la course à pied en France, et ce chiffre est en constante augmentation. Mais malgré ce débarquement massif, il existe encore un certain nombre de tabous qui entourent le sport féminin. Dans cet épisode de Body And Mind, nous allons lever le voile sur ces sujets parfois difficilement évoqués dans la sphère sportive.
Running au féminin : des spécificités ?
Bien que l’on soit parfois tenté de dire qu’il n’y a qu’un seul running, le running pour tous, force est de constater que les femmes font face à des problématiques qui les concernent exclusivement.
L'existence du cycle menstruel principalement, va avoir un impact sur la pratique sportive des femmes.
Les spécificités du corps féminin vont forcément nécessiter des adaptations : fuites urinaires, sensibilités voire douleurs notamment au ventre ou à la poitrine en fonction de la période du cycle, fragilités osseuses, carences spécifiques…
La contraception, qu’elle soit hormonale ou non, pèse principalement sur les femmes, ce qui va avoir des conséquences sur leur corps, mais aussi créer une charge mentale spécifique qu’il faut prendre en compte.
Tous ces éléments pris ensemble vont entraîner la nécessité d’adapter la pratique et d’avoir un suivi médical et sportif différent de celui des athlètes masculins.
Le cycle menstruel et son impact sur le running féminin
La question que l’on peut se poser en tant que sportif c’est : quel est l’impact de ce cycle menstruel sur les performances des athlètes ?
Aucune étude ne met en avant avec certitude une relation entre les règles et la baisse des performances des athlètes féminines. Cependant, les différentes phases du cycle s’accompagnent de plusieurs symptômes physiques plus ou moins présents en fonction des femmes.
Certaines femmes vont par exemple être sujettes à ce que l’on appelle le syndrôme prémenstruel. Quelques jours avant leurs règles, elles vont ressentir des désagréments physique et/ou psychologiques. Cela peut aller de la rétention d’eau à l’acné en passant par une forte irritabilité ou des douleurs dorsales et abdominales. Ce SPM peut se révéler extrêmement handicapant en fonction des femmes.
Tous ces éléments peuvent faire varier les performances à un instant T.
Sans compter que les fluctuations hormonales qui surviennent au long du cycle menstruel ont un impact sur le moral et donc le mental des athlètes. Or, le mental joue un rôle clé dans la performance sportive. Alors même si cette donnée est difficilement quantifiable puisqu’elle va se baser sur un ressenti, il paraît évident que les phases du cycle menstruel et notamment les règles peuvent avoir des conséquences sur les performances.
Des plans d’entrainement au féminin ?
Si l’on admet que les performances peuvent varier selon les étapes du cycle menstruel féminin, ça pourrait être pertinent pour les entraîneurs de mettre en place des plans pour leurs athlètes tenant compte de tous ces paramètres.
Malheureusement, les coachs qui s’intéressent aux spécificités féminines à l’entrainement sont peu nombreux. Pourtant, certaines phases du cycle sont plus propices à effectuer des gros entrainements.
Certaines études ont prouvé que durant la phase folliculaire, les femmes sont en meilleure forme. C’est valable tant au niveau du ressenti qu’au niveau de la capacité du corps à encaisser les grosses séances. Il vaut donc mieux placer les entrainements difficiles dans les 14 premiers jours du cycle.
Durant la phase ovulatoire, on constate une certaine hyperlaxité ligamentaire. Pendant la phase lutéale, l’énergie peut être moins au rendez-vous. Les femmes peuvent se sentir plus fatiguées, moins motivées. On privilégiera un peu plus les sorties longues par exemple.
Running féminin et contraception
Dans les faits, la charge de la contraception dans notre société pèse majoritairement sur les femmes. Il existe plusieurs méthodes contraceptives, chacune avec ses avantages et ses inconvénients.
On peut citer la pilule, pratique à condition de ne pas être tête en l’air. Elle a l’avantage de pouvoir se poursuivre sans interruption afin de ne pas avoir ses règles en vue d’une échéance précise. Attention toutefois à ne pas réitérer trop souvent. Si vous ressentez le besoin de ne plus avoir vos règles du tout, d’autres moyens de contraception peuvent vous le permettre.
Les implants, patchs mais aussi les stérilets font partie des moyens les plus utilisés. Petit warning sur le stérilet en cuivre, qui provoque souvent des règles plus abondantes. Pour les femmes qui pratiquent la course à pied, cela peut mener à des carences en fer.
Quoi qu’il en soit, quel que soit votre choix, faites en sorte qu’il soit adapté à votre mode de vie et à vos spécificités. Chaque femme est différente et ce qui convient à l’une peut ne pas convenir à l’autre. Il faut tester, réfléchir et ne pas hésiter à changer si le besoin se fait sentir.
Running féminin et TCA
Traditionnellement, les troubles des conduites alimentaires touchent plus les athlètes féminines. Ils font des ravages, notamment dans le monde du running.
Anorexie, boulimie, bigorexie… Toutes ces pathologies sont bien trop présentes au sein des pelotons de coureuses. Il faut dire que les idées préconçues ont la vie dure ! Mincir pour courir plus vite, réduire le taux de masse grasse pour de meilleurs résultats… Toutes ces pressions conduisent de nombreuses sportives à se sous-alimenter.
Mais cela n’est pas sans conséquence ! Lorsque l’on pratique la course à pied, on brûle beaucoup de calories et on dépense une grande quantité d’énergie. Il est indispensable de reconstituer les stocks pour espérer récupérer et donc, progresser.
En se sous-alimentant, en étant trop maigre, les femmes vont immanquablement manquer d’énergie et n’auront pas les ressources nécessaires pour performer. Pire encore ! Le corps peut “lâcher” !
Fractures de fatigue, ostéoporose, carences en fer ou en vitamine D… Les écueils sont nombreux et certains peuvent se révéler graves. Alors n’ayez pas peur de vous entourer de spécialistes qui vous expliqueront comment bien manger et en quantité suffisante pour performer.
Running féminin et équipement
Malgré les faiblesses encore présentes du marché du running féminin, on peut trouver de bons équipements pour permettre une pratique sportive à tout moment du cycle dans les meilleures conditions.
Les brassières de sport : elles doivent être adaptées en termes de taille et de pratique. Par exemple, on oublie la brassière de fitness lorsque l’on projette de courir un marathon, et un se tourne vers des brassières avec un maintien optimisé.
Les caleçons que l’on peut porter sous le short pour éviter les irritations, notamment au niveau des cuisses
Les sacs d’hydratation avec un système d’attache adapté à la présence de la poitrine
Les protections périodiques : écocup, serviettes, tampons et culottes de règle… À chacune ses préférences. L’important est de connaitre l’abondance du flux et pour celà, il existe un test simple à réaliser appelé Score d’Higham, qui classe l’abondance des règles selon 3 types en fonction d’un nombre de points déterminé par le nombre de protections utilisées par jour. Au-delà de l’aspect pratique, ce test peut se révéler utile pour estimer les risques de carences.
Pour tous, le marathon est une aventure, un défi qui nous pousse vers l’objectif final : la ligne d’arrivée. Pour Arnaud Tsamère, c’est un véritable chemin, celui de la reconstruction. Il nous raconte comment le sport et la course à pied l’on sauvé.