Échouer pour Mieux Rebondir : Les Leçons d’un Ultra-Traileur
L'ultra-trail est un sport où l’on apprend souvent dans la douleur. Pour Claude, coureur amateur, l’une de ses plus grandes leçons est venue non pas d’une victoire, mais d’un abandon. Inscrit sur une course extrême de 677 km avec 27 000 mètres de dénivelé, il a vécu une expérience éprouvante, marquée par la fatigue, le doute et des hallucinations.
Un échec ? Pas tout à fait. Plutôt une étape essentielle dans son apprentissage d’ultra-traileur.
Crédit : SEMS Journal
Quand la passion pousse aux extrêmes
Depuis son premier 10 km, Claude n’a cessé de repousser ses limites : semi-marathon, marathon, puis ultra-trail. Plus c'était long, plus il voulait aller plus loin. Mais cette quête du dépassement de soi l’a conduit à une course hors norme : une épreuve de plusieurs jours, où la gestion de l’effort, du sommeil et du mental devient aussi cruciale que la condition physique.
Dès le départ, il savait qu'il partait avec une préparation imparfaite. Entre les contraintes du confinement et un entraînement moins rigoureux qu’à son habitude, il avait déjà un pressentiment : « Inconsciemment, je savais que ça n’allait pas le faire. » Pourtant, il s’est lancé, porté par sa volonté et son expérience accumulée au fil des années.
Le piège du manque de sommeil
Sur des courses aussi longues, la gestion du sommeil est un élément clé. Et c’est là que Claude a fait son plus grand faux pas. Au bout de plusieurs jours, il avait réussi à prendre de l’avance sur la barrière horaire, mais refusait de s’accorder du repos : « J’avais 6 heures d’avance, mais je n’ai pas voulu dormir. » Une erreur qui lui coûtera cher.
Le manque de sommeil a des effets insidieux sur le corps et l’esprit. À partir de la quatrième nuit, il a commencé à perdre contact avec la réalité. Des hallucinations sont apparues : des lapins sur le sentier, des visages familiers dans des inconnus, la certitude d’être en train de courir chez lui alors qu’il était en pleine montagne.
À un moment, il s’est même endormi en courant, chutant violemment sur un sentier. « J’ai vu un coureur partir en rollers, alors qu’il courait normalement… Là, j’ai compris que mon cerveau ne suivait plus. »
L’abandon, une décision difficile mais sage
Malgré ces signaux d’alarme, Claude a continué. Il s’accrochait à son objectif, avançant mécaniquement. Mais au 220e km, il était à bout : jambes en feu, mental en miettes, la barrière horaire le rattrapait. Avec son équipe d’assistance, il a dû se rendre à l’évidence : continuer serait dangereux.
« Sur une course comme ça, il faut être lucide. Moi, je ne l’étais plus. J’aurais pu me blesser gravement. »
L’abandon a été un choc. Pendant quelques heures, il a eu le sentiment d’avoir échoué. Mais en y réfléchissant, il a compris que cette course lui avait surtout appris une leçon précieuse : un ultra, ce n’est pas qu’une question de kilomètres, c’est une gestion intelligente de l’effort, du sommeil et du mental.
Revenir plus fort
Dès le lendemain, Claude savait qu’il ne voulait pas en rester là. « Tu ne vas pas t’arrêter comme ça, tu y retournes l’année prochaine ou dans deux ans. » Mais cette fois, avec une préparation plus sérieuse :
Mieux gérer son sommeil : prévoir des phases de repos courtes mais régulières.
Optimiser son entraînement : inclure plus de simulations de course longue durée.
Écouter son corps : ne pas laisser la fierté prendre le dessus sur la lucidité.
Son objectif est clair : Retenter cette course, mais en mettant toutes les chances de son côté. Car si l’échec peut être amer, il devient une force quand on sait en tirer des leçons.
On l’a tous remarqué. Il y a ceux qui, même sous la pression, restent impassibles, comme si rien ne pouvait les atteindre. Et puis il y a ceux qui stressent dès qu’une course approche, qui passent une nuit blanche avant une compétition ou qui ressentent un véritable poids mental au quotidien. Pourquoi cette différence ? Pourquoi certains gèrent mieux le stress que d’autres ?