Walmsley seul au monde, KILIAN en lutte, VINCENT au courage : récit DU Chianti Ultra by UTMB

Ce samedi, le Chianti Ultra Trail 2025 n’a pas seulement offert un parcours splendide : il a été le théâtre d’une bataille tactique de haut vol. Retour sur une course où chaque regard, chaque geste, chaque attaque a compté.

Un départ sous tension

20 minutes avant le coup de pistolet, Kilian Jornet était déjà là. Seul. Calme. Un visage concentré, fixé sur la ligne de départ comme s’il lisait déjà le tracé de la journée. Mais sa bulle a été percée par quelques coureurs venus lui demander des selfies. Un détail qui en dit long sur le poids de son aura – et sur la fragilité des rituels d’avant-course.

Quelques instants plus tard, Jim Walmsley et Vincent Bouillard apparaissent ensemble. Sourires complices, échanges rapides. L’image est forte : l’Américain et le Français semblent prêts à s’allier, du moins un temps, pour faire vaciller le Catalan. On pressent déjà une course d’observation autant que de dépassement.

Un début de course tendu mais maîtrisé

À 23,8 km, après 1h44 et 969 m de D+, le trio attendu est au rendez-vous. Kilian, Jim et Vincent courent ensemble. Le rythme est soutenu (13,7 km/h), mais personne ne tente de secouer le cocotier. Ce n’est pas le moment.

Chacun s’observe. Vincent relance dans les parties roulantes, Jim répond du regard, Kilian reste en mode “patience”. L’intelligence tactique est palpable : personne ne veut s’user trop tôt sur ces collines toscanes, aussi traîtresses que magnifiques.

Une pression qui monte, un trio qui s'étire

Au 37e kilomètre, après 2h46 de course et plus de 1500 m de D+, la course commence à grincer. L’allure ne faiblit pas (12,8 km/h), mais les visages se ferment. Jim commence à hausser le ton. Sa foulée se tend, ses bras se coordonnent avec une précision presque militaire. Kilian est toujours là, mais moins bavard. Vincent, lui, relève le défi, actif, concentré.

La course est sur un fil.

L'accélération de Walmsley, le contre de Kilian, la résistance de Vincent

C’est peu après le 37e kilomètre que tout bascule. Jim attaque. Pas un sprint, mais une mécanique bien huilée qui prend lentement le large. Il creuse 3 minutes, puis 15 à Gaiole. Il semble même détendu, glissant un mot à son caméraman.

Derrière, Kilian accuse le coup. Pas de craquage, mais un regard qui parle : l’objectif est peut-être ailleurs. Assurer sa qualif’ Western States ? Régler sa monture pour l’été ?

Vincent, lui, résiste. Puis attaque à 20 minutes de l’arrivée dans une descente, profitant d’une légère gêne de Kilian. On croit au hold-up. Mais c’est mal connaître le Catalan. Dans la montée suivante, il contre, revient, passe.

C’est physique, c’est mental, c’est magnifique.

Un final à l'image du trail moderne

Jim Walmsley l’emporte avec maîtrise et panache. Un modèle de course gérée au métronome.

Kilian arrache la 2e place pour 20 petites secondes, comme un rappel qu’on ne relègue pas les légendes si facilement. Vincent, 3e, sort grandi de cette bataille à la fois tactique, musclée et respectueuse.

Sur la ligne, les deux hommes tombent dans les bras l’un de l’autre. Pas besoin de mots. Le trail est un sport d’affrontement, mais aussi de reconnaissance.

Ce que le Chianti UTMB raconte du trail d’aujourd’hui

Cette édition 2025 aura rappelé que le trail moderne, ce n’est plus seulement du dénivelé et de la poussière. C’est de la stratégie, du mental, de la gestion de l’image et des émotions. C’est aussi l’histoire de coureurs qui se croisent à différents moments de leur trajectoire : un Jim au sommet de sa maîtrise, un Kilian qui choisit ses batailles, un Vincent qui entre dans la lumière.

Et c’est ce mélange qui fait vibrer. Vivement la suite.

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