Marie-José Pérec : Comment est-elle devenue une icône du sport ?
Marie-José Pérec. Son nom évoque autant la performance que l’humilité, la légende que la discrétion. Alors qu’elle fut la dernière porteuse de la Flamme Olympique aux côtés de Teddy Riner, nous sommes revenus sur les incroyables succès d’une des plus grandes championnes françaises de tous les temps.
1992, Marie-José Pérec sur les JO de Barcelone
C’est à Barcelone en 1992 que celle que l’on surnomme Marie-Jo devient pour la première fois championne Olympique. Cette année-là, elle réalise la meilleure performance mondiale de l’année sur 400m au meeting de Nice en 49’50.
Arrivent les JO de Barcelone où elle se présente avec cette meilleure marque mondiale.
En demi-finale, la championne en herbe, réalise une nouvelle fois la meilleure performance mondiale de l’année avec un temps de 49’48 et engrange ainsi un peu plus de confiance pour la finale.
Il faut dire qu’une forme de pression repose sur ses épaules : avant elle, seules Micheline Ostermeyer et Colette Besson avaient pu permettre à l’athlétisme féminin de décrocher une médaille d’or pour la France aux JO. La pression est certainement d’autant plus importante pour Marie-Jo, que Colette Besson avait réalisé cet exploit en 1968 sur la même distance. Qualifiée en Finale, elle sort vainqueur et passe sous la barre mythique des 49s avec sa performance en 48’83.
Après cette course, elle déclarera :
“Je suis la recordwoman des non dopées.”
4 ans plus tard, Marie-Jo à Atlanta
Lors de ces JO d’Atlanta, Marie-José Pérec devient la deuxième athlète au monde à avoir réalisé le doublé aux Jeux olympiques sur 200 et 400 mètres. Elle sera aussi à cette occasion la première athlète, hommes et femmes confondus, à avoir remporté, lors de deux Jeux olympiques consécutifs, le titre sur 400 mètres.
La première épreuve est le 400 m, sa distance de prédilection. Elle devient une nouvelle fois championne Olympique sur 400m, établissant une nouvelle marque mondiale sur la distance en 48 s 25.
Grâce à cette performance elle fera la UNE de l’équipe le lendemain qui titrera :
“Son altesse Marie Jo”
Ce chrono de 48’25 devient le nouveau record olympique et l’est d’ailleurs encore aujourd’hui presque 30 ans après !
Viens l’heure du 200m. La championne a en effet, secrètement pris la décision, en accord avec son entraineur, de réaliser le doublé 400m et 200m.
Le départ de la course n’est pas aussi bon que prévu. Marie-José Pérec pointe à la 5ème position après le premier 100m. Elle sait qu’elle doit fournir une grande accélération sur le 2ème 100m.
“Mon killer instinct a pris le dessus.”
Sur les derniers mètres, elle s’offre le titre Olympique.
Aujourd’hui encore, personne n’est au niveau de Marie-Jo. Elle détient la 4ème meilleure performance mondiale de tous les temps alors que sa performance date de 1996.
Marie-José Pérec : une championne polyvalente
La carrière de Marie Jo est également exceptionnelle au regard de sa grande polyvalence sur des courses allant du 100 au 400m en passant par le 400m haies.
Après avoir comparé toutes les performances des athlètes femmes de ces 50 dernières années nous pouvons dire qu’elle est LA seule athlète au monde à avoir tout à la fois couru :
Moins de 11 secondes au 100m (10’96)
Moins de 22 secondes au 200 (21’99)
Moins de 49 secondes au 400 (48’25)
Moins de 54 secondes au 400 haies (53’21)
Ellle a toujours le record de France du 400m haies (53’21) ainsi que ceux des 200 et 400m !
Des qualités physiques exceptionnelles
Les performances précitées sont d’autant plus exceptionnelles tant on connaît leurs différences sur le plan physiologique et ce que cela demande en termes de différence d’entrainement.
Schématiquement, on peut dire que le 100 m demande de la puissance, de l’explosivité et de la vitesse pure alors que le 400m nécessite de résister à des taux d’acide lactique très importants…
Entre le 100m et le 400m le corps ne produit pas l’énergie de la même manière, ce qui nécessite des entraînements très différents. Et que dire de sa capacité à courir aussi sur les haies et la technique de course que cela induit !
Bref, Marie-Jo est d’une polyvalence exceptionnelle pour le très haut niveau. Aucun athlète n’a à ce jour déjà tenté le doublé 400/400 haies sur un grand championnat au niveau mondial. Elle a tout d’abord souhaité relever ce défi en 1995 pour les mondiaux de Göteborg, mais une contracture à la cuisse droite a mis un terme à ses espoirs.
Elle retenté en 1997 lors des Mondiaux d’Athène mais une nouvelle blessure vient contrarier son projet. Est-ce finalement le signe qu’un tel doublé est impossible ? La championne aura eu l’audace d’y croire jusqu’au bout !
Marie-José Pérec : la santé mentale à l’épreuve de la pression médiatique
“Esprit d’entreprise. Persévérance. Ces femmes font de leurs faiblesses une force. De leur défaite, un atout. Sans faillir. Jusqu’au bout d’elles mêmes”. - Magazine ELLE à propos de Marie-Jo, Rigoberta Menchu et Madona
Pourtant, l’une de ces faiblesses va transparaitre lors des 3èmes JO de Marie-José Pérec à Sydney en 2000. Cette année-là, rien ne se passe comme prévu.
Des supporters de Cathy Freeman vont faire vivre l’enfer à la Française à son arrivée en Australie, l’accueillant à coup d’insultes et la harcelant à son hôtel. Afin de se concentrer sur son objectif, la Guadeloupéenne a fait le choix de s’installer dans un hôtel au calme plutôt qu’au village olympique. Une décision qu’elle paie au prix fort.
Les journalistes siègent devant son hôtel et lui mettent encore plus de pression… À 48 heures de l’ouverture des épreuves d’athlétisme, : Marie Jo est à l’aéroport de Melbourne, décidé à fuir ce pays dans lequel elle ne se sent plus en sécurité.
Elle s’envole donc en compagnie d'Anthuan Maybank, son compagnon à destination de Singapour. Adieu l'Australie. Adieu les JO. Elle s’est échappée. Sans prévenir personne à 1h20 du matin. La rivalité annoncée avec l’australienne Cathy Freeman sur ses terres a exacerbé la pression à la fois médiatique et populaire qui a pris des proportions invraisemblables au point de nuire à sa santé mentale.
Elle déclare alors avoir été menacée par un individu qui aurait tenté de pénétrer dans sa chambre d’hôtel et se sent alors persécutée et totalement démunie
« J’ai craqué c’est tout. Je me suis dit : il faut que tu te sauves d’ici »
Déjà à Atlanta, 4 ans auparavant, Marie-Jo avait eu des difficultés à gérer les conséquences de ses blessures. Dans les années 2000, elle quitte son entraineur et annonce son projet de s'entraîner avec Wolfgang Meier, mari et ex coach de Marita Koch, que la Française avait pourtant ouvertement suspecté de dopage.
Manque de lucidité ? Absence de préparation mentale ? L’absence d’un staff adapté et d’un suivi auprès d’un préparateur mental semble être en grande partie responsable de ces zones d’ombre dans la carrière de la championne.
Pour tous, le marathon est une aventure, un défi qui nous pousse vers l’objectif final : la ligne d’arrivée. Pour Arnaud Tsamère, c’est un véritable chemin, celui de la reconstruction. Il nous raconte comment le sport et la course à pied l’on sauvé.