Peut-on vraiment dire “je ne suis pas fait pour la vitesse” ? 

C’est une phrase que l’on entend souvent au bord des pistes, entre deux tours de stade ou au départ d’une compétition : « Moi, je suis un diesel. La vitesse, c’est pas pour moi. » Une façon polie de dire qu’on préfère les sorties longues aux séances de 200 m, et qu’on se sent plus à l’aise en endurance qu’en sprint.

Mais est-ce que cette idée tient la route, physiologiquement parlant ? 

Une question de fibres musculaires… mais pas que 

Il est vrai que nous naissons avec une certaine répartition de fibres musculaires : les fibres lentes (type I) pour l’endurance, et les fibres rapides (type II) pour les efforts explosifs. Cela influence nos aptitudes naturelles. 

Mais comme le rappelle Tristan : « Le spectre est mobile. On peut devenir meilleur en vitesse même si on n'est pas prédisposé. »  Autrement dit, ce n’est pas parce que vous êtes plus à l’aise en sortie longue que vous devez renoncer à toute forme de travail rapide. Le corps est plastique, et s’adapte aux sollicitations. 

Et parfois, ce qu’on prend pour un manque de vitesse n’est qu’un manque d’exposition : 

« Mon collègue pensait être un mauvais coureur avec un profil de vitesse… jusqu’au jour où il a essayé le marathon. En réalité, il était juste fait pour l’endurance. » explique t-il.  Parfois, on croit être lent, alors qu’on court juste la mauvaise distance.

Un point souvent soulevé dans l’épisode : notre potentiel ne dépend pas que de nos préférences. Il dépend aussi de la distance sur laquelle on court. Certains sont explosifs mais s’essoufflent vite, d’autres mettent du temps à monter en régime mais ne lâchent rien sur la durée. Pourtant, beaucoup jugent leurs capacités sans avoir testé d’autres formats.

Résultat : « Parfois, on croit qu'on est un mauvais coureur, alors qu'on n'a juste pas encore trouvé la bonne distance. » 

Le travail de vitesse : un bénéfice universel 

Travailler sa vitesse ne signifie pas devenir sprinteur. Il s’agit plutôt d’améliorer sa foulée, son économie de course, sa capacité à tenir une allure plus soutenue sans exploser. « C'est là qu'on voit que la vitesse libère le foncier. » 

Concrètement, cela veut dire que plus vous êtes rapide, plus votre allure marathon ou trail devient confortable. Vous créez une marge de manœuvre. Votre allure de course devient un pourcentage moins élevé de votre vitesse maximale, et ça change tout. 

Et ce n’est pas qu’une question de performance : « Travailler sa vitesse, c’est aussi entretenir ses muscles, ses tendons, son gainage. C’est un vrai travail de santé. » 

Vieillissement et vitesse : pas une fatalité 

Autre idée reçue : « à partir d’un certain âge, la vitesse, c’est fini. » 
Faux. C’est justement le fait de ne plus la travailler qui entraîne sa dégradation. Les fibres rapides s’atrophient si elles ne sont pas sollicitées. « Si tu n’as jamais travaillé ta vitesse, tu peux encore progresser, même à 50 ans. » 

Des sprints courts, bien récupérés, peuvent être intégrés progressivement et avoir des effets très bénéfiques, même (et surtout) après 40 ans. À intensité contrôlée, ils renforcent les structures profondes et améliorent la coordination gestuelle. 

Le test du sprint : un révélateur précieux 

Si le travail de vitesse vous met face à vos faiblesses, ce n’est pas un mal. « La vitesse, ça ne ment pas. Si tu as un point faible, elle va le révéler. Et ça te laisse le temps de le corriger. » 

Plutôt que d’attendre que le corps flanche en pleine préparation marathon, autant identifier en amont ce qui coince. La vitesse agit comme un scanner : elle met en lumière vos zones à renforcer, vos manques de gainage, de force, de coordination… et vous donne une longueur d’avance. 

En résumé 

« Je ne suis pas fait pour la vitesse » est souvent un raccourci pour dire : « je n’ai jamais vraiment essayé ». 
Bien sûr, nous avons tous des prédispositions. Mais la vitesse se travaille, quel que soit le niveau ou l’âge. Et elle offre des bénéfices bien au-delà du chrono : meilleure foulée, plus grande résistance à la fatigue, gain de confiance, et même… meilleure santé. 

Alors, diesel ou pas, pourquoi ne pas mettre un petit coup de turbo à votre routine ? 

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