Guerre commerciale : Trump va-t-il faire EXPLOSER le prix de vos chaussures de running ?
Vous trouvez déjà que vos chaussures de running coûtent cher ? Mauvaise nouvelle : elles pourraient bientôt coûter encore plus.
Depuis le mois d’avril, Donald Trump a déclenché une nouvelle salve de taxes sur les importations. Une décision qui pourrait bouleverser les chaînes de valeur mondialisées, en particulier dans des secteurs très dépendants de l’Asie comme l’équipement sportif.
Hausse des coûts de production, perturbations logistiques, allongement des délais de livraison… et à la clé, une probable répercussion sur les prix pour les consommateurs du monde entier — y compris les 14 millions de coureurs français.
Alors, comment ce bras de fer entre grandes puissances pourrait-il impacter le marché européen ? Et pourquoi l’Europe s’impose-t-elle désormais comme un enjeu stratégique pour l’industrie mondiale du sport ? On vous explique.
Une guerre commerciale relancée
Le 2 avril, Donald Trump a annoncé un droit de douane unique de 10 % sur toutes les importations aux États-Unis. À cela s’ajoutent des surtaxes ciblées pouvant aller jusqu’à 46 % pour certains pays, dont 34 % pour la Chine, 36 % pour le Vietnam, et 20 % pour l’Union européenne.
Objectif affiché : rapatrier la production industrielle sur le sol américain et sanctionner les pays accusés de pratiques commerciales jugées déloyales. Un discours protectionniste assumé, qui pourrait bouleverser l’équilibre des échanges mondiaux.
Pourquoi ça concerne vos chaussures de running
Les grandes marques américaines comme Nike, HOKA, Brooks ou Saucony produisent l’essentiel de leurs chaussures en Asie du Sud-Est, notamment au Vietnam et en Chine. Or, ce sont précisément ces pays qui se retrouvent ciblés par les surtaxes américaines, et qui ripostent à leur tour.
Résultat : un effet domino ! Les coûts d’importation explosent et les marques doivent réorganiser leurs flux d’approvisionnement, prioriser certains marchés et reconsidérer leurs stratégies de marge.
Et tout cela pourrait se traduire par des hausses de prix pour les consommateurs européens, considérés comme un marché de « rééquilibrage » pour absorber les pertes américaines.
Europe : le risque d’un effet papillon ?
Lorsque les États-Unis deviennent un marché plus coûteux et plus instable, les marques internationales n’ont d’autre choix que d’ajuster leurs arbitrages commerciaux. Et l’Europe, bien qu’étant le deuxième marché mondial pour le running, pourrait se retrouver reléguée dans ces arbitrages logistiques.
Concrètement, les marques pourraient :
Réaffecter leurs stocks vers les marchés à forte valeur stratégique, comme les États-Unis, afin de préserver leur part de marché sous pression ;
Allonger les délais d’approvisionnement en Europe ou en réduire les volumes, pour amortir les coûts croissants ;
Revoir leur politique tarifaire sur les marchés européens, non par désintérêt, mais pour compenser les surcoûts générés par les tensions commerciales.
Et si l’Union européenne décidait à son tour de répondre, en imposant des droits de douane sur certains produits américains, cela ne ferait qu’ajouter de la pression sur une chaîne d’approvisionnement déjà bien fragile.
Résultat : des prix plus élevés, moins de choix dans les rayons, et une Europe qui, sans être négligée, devient un terrain d’ajustement dans cette guerre commerciale mondiale.
La Chine vise désormais le marché européen ?
Alors que les États-Unis ferment progressivement leur marché avec des droits de douane toujours plus élevés, la Chine ne reste pas les bras croisés. Le 5 avril, elle a riposté avec une hausse de 34 % des droits de douane sur les importations américaines, effective dès le 10 avril. Une réponse directe, qui confirme l’entrée dans une véritable guerre commerciale bilatérale.
Privée d’un accès fluide au marché américain, la Chine pourrait désormais redoubler d’efforts pour renforcer sa présence en Europe. Et elle dispose d’atouts solides pour le faire :
En développant leurs propres marques de plus en plus compétitives (Anta, Li-Ning, Xtep, 361°),
En rachetant des icônes mondiales (comme elle a fait avec Salomon et Fila via Amer Sports),
Elle investit massivement dans l’automatisation de ses usines, notamment dans les régions côtières, pour produire plus vite, avec moins de main-d’œuvre, et mieux contrôler les délais.
En Europe, les marques chinoises pourraient ainsi proposer des produits à très bon rapport qualité/prix, séduire une nouvelle génération de coureurs, et gagner rapidement des parts de marché grâce à leur puissance industrielle et logistique. Bien sur, leur succès dépendra aussi de leur capacité à construire une image de marque solide en Europe — un défi encore loin d’être gagné.
Quoi qu’il en soit, pour les marques européennes et américaines, c’est un signal clair : la concurrence venue de Chine ne fait que commencer.
Et les marques européennes dans tout ça ?
Dans ce contexte, certaines marques européennes peuvent tirer avantage de circuits de production plus stable et d’une image plus authentique. Des marques comme Kiprun, On ou NNormal bénéficient, d’un ADN plus local, un réseau de distribution stable et moins dépendant des conflits géopolitiques.
Pour elles, c’est peut-être le moment de renforcer leur ancrage local, de raconter une autre histoire, et de séduire un public qui cherche plus de transparence et de stabilité.
En résumé, des tensions, mais aussi des opportunités
Cette guerre commerciale ne fait que commencer, et ses effets pourraient s’installer dans la durée.
Si l’impact immédiat sur le running reste mesuré, les mois à venir pourraient marquer un tournant dans la structuration du marché mondial, avec des ajustements de prix, une redistribution des flux, et l’émergence de nouveaux acteurs.
Pour les coureurs, cela signifie peut-être moins de stabilité, mais plus de diversité.
Affaire à suivre.
Le Mercredi 9 avril, j’ai eu la chance d’être invité à un événement organisé par KIPRUN une ambiance de folie, des athlètes venus du monde entier, des médias, et une bonne partie de l’équipe Kiprun réunis pour célébrer une nouvelle étape dans l’histoire de la marque.