Influenceuse ou athlète ? Pourquoi Alica Schmidt rafle tous les sponsors ?
L’athlétisme a ses légendes aux chronos imbattables, mais il a aussi ses phénomènes médiatiques. Alica Schmidt, sprinteuse allemande, fait partie de cette seconde catégorie. Avec 6 millions d’abonnés sur Instagram, elle est l’une des athlètes les plus suivies au monde. Pourtant, son palmarès n’a rien d’impressionnant à l’échelle internationale. Pas de médaille mondiale, pas de record époustouflant. Et pourtant, elle cumule les contrats avec Puma, Hugo Boss ou encore Vitamin Well. Comment expliquer un tel succès ?
Dans un monde où l’image et l’influence prennent de plus en plus de place, Alica Schmidt est-elle l’exemple parfait du nouveau modèle du sponsoring sportif ? Plongée dans un cas qui bouscule les codes du sport-business.
Un buzz initial, un positionnement intelligent
Tout commence en 2017. Alica Schmidt, alors junior prometteuse (médaille d’argent en relais aux Europe U20), voit sa carrière prendre un tournant inattendu : la presse la surnomme “l’athlète la plus sexy du monde”. Ce label viral et sexiste, bien loin des exploits sportifs, propulse sa notoriété en ligne. Son nombre d’abonnés explose et, plutôt que de le subir, elle choisit d’en faire une force.
Schmidt comprend rapidement que les réseaux sociaux sont un levier puissant pour un athlète. Elle se positionne comme une créatrice de contenu autour du sport et du bien-être, partageant son quotidien d’athlète, ses séances, son alimentation et son lifestyle. Résultat ? Une communauté fidèle, qui ne suit pas seulement ses performances, mais aussi sa personnalité et son mode de vie.
À une époque où les sponsors cherchent des ambassadeurs autant que des champions, Alica Schmidt coche toutes les cases : une image soignée, un storytelling positif et une audience massive.
Pourquoi miser sur un athlète qui passe inaperçu médiatiquement quand on peut s’associer à une personnalité suivie par des millions ?
Un portefeuille de sponsors XXL
Avec une telle notoriété, les marques n’ont pas tardé à frapper à la porte. Puma, convaincu de son potentiel, lui offre un contrat alors qu’elle n’a encore que peu de références sportives internationales. Elle devient rapidement l’un des visages de la marque, apparaissant dans des campagnes mondiales.
Puis vient Hugo Boss, qui ne se contente pas de la sponsoriser, mais lui offre un rôle d’égérie, avec même une collection capsule à son nom. Une première pour une sprinteuse ! Ajoutez à cela Vitamin Well, qui mise sur son image pour promouvoir un mode de vie sain, et vous obtenez une athlète qui gagne probablement plus grâce à ses collaborations qu’avec ses résultats sur la piste.
Ce modèle est totalement nouveau dans le monde du running. Avant, les contrats étaient réservés aux champions. Aujourd’hui, un athlète peut être bankable sans être médaillé. Alica Schmidt prouve qu’un bon positionnement vaut parfois plus qu’un podium.
Crédit : BOSS x Alica Schmidt
Un équilibre entre sport et image
Mais cette réussite médiatique a aussi ses revers. En tant qu’athlète, Schmidt doit faire face aux critiques : est-elle vraiment une sprinteuse de haut niveau ou juste une influenceuse qui court ?
Elle répond en mettant en avant son travail. Elle s’entraîne dur, visait un titre aux Jeux olympiques de Paris 2024 et continue de progresser. Mais elle ne peut ignorer le poids de son image. Son succès repose sur un équilibre fragile : si elle performe trop peu, sa crédibilité sportive en pâtit. Si elle se focalise trop sur ses réseaux, elle devient une “star du fitness” plutôt qu’une athlète de compétition.
Jusqu’ici, elle gère cette double casquette avec brio. Mais combien de temps pourra-t-elle tenir ce rôle hybride ?
Crédit : Alica Schmidt. ©afp
Un modèle qui annonce le futur du sponsoring ?
L’histoire d’Alica Schmidt illustre une transformation profonde du sport-business. Autrefois, le sponsoring récompensait l’excellence sportive. Aujourd’hui, il valorise aussi l’influence et l’engagement du public.
Plusieurs tendances se dessinent à travers ce cas :
Un athlète influenceur vaut parfois plus qu’un champion discret. La notoriété devient un critère clé dans les contrats.
Le sponsoring ne se limite plus aux performances. Les marques veulent des ambassadeurs capables de faire rayonner leur image, pas juste des porteurs de médailles.
Les athlètes doivent gérer leur marque personnelle. Alica Schmidt montre qu’une communication bien pensée peut ouvrir des portes inattendues.
Alors, faut-il être influenceur pour réussir en athlétisme ? Pas forcément. Mais ignorer l’impact du digital en 2025, c’est se tirer une balle dans le pied.
Et vous, que pensez-vous de ce modèle ?
Alica Schmidt est-elle l’incarnation du futur du sponsoring sportif, ou une exception qui ne durera qu’un temps ? Son cas pose des questions sur l’évolution du sport et de ses valeurs. L’image prendra-t-elle le pas sur la performance ? À vous de juger !
Pour aller plus loin, écoutez le dernier épisode du podcast Dans la Tête d’un Coureur, où nos journalistes Cléo et Émilie enquêtent sur la face cachée du sponsoring.
Ce week-end, Paris a vibré au rythme des foulées. Des milliers de coureurs ont pris part à l’ÉcoTrail de Paris, avec, pour certains, une arrivée au premier étage de la tour Eiffel !